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L’ouklo cessa de léviter. Il se posa en douceur, encadré par des soldats de la Garde impériale, et, de chaque côté, par une foule compacte qui criait, sifflait et applaudissait à tout rompre.
Henry en émergea, surpris d’être accueilli par un garde-à-vous impeccable des hommes en uniforme pourpre. Il pivota et comprit que le salut s’adressait en fait à M. Fogarty. Depuis que le vieil homme avait été officiellement restauré dans ses fonctions de Gardien, on l’avait chargé de coordonner l’ensemble du dispositif de sécurité ; chaque garde lui devait donc obéissance et respect.
Alan sortit à son tour du véhicule, rendit leur salut à ses hommes puis interpella son capitaine.
— Tout le monde est là ?
— Oui, monsieur.
— Lord Noctifer est repéré ?
— Oui, monsieur.
— Le dispositif est en place ?
— Oui, monsieur.
— Vous avez positionné ma plaque comme prévu ?
— Oui, monsieur.
Perdu par ce dialogue, Henry se détourna pour admirer la Cathédrale.
L’édifice était gigantesque. Les plus grands édifices religieux qu’il connaissait paraissaient ridiculement petits en comparaison. Et cependant, la taille était moins impressionnante que l’architecture elle-même. Malgré ses dimensions imposantes, le bâtiment semblait effilé, léger, délicat, prêt à s’envoler au premier coup de vent. Impression trompeuse : la Cathédrale avait sept siècles d’âge, pendant lesquelles elle avait survécu sans dommage… y compris quand une météorite l’avait frappée de plein fouet !
— Le Prince Pyrgus ? demanda M. Fogarty.
— La barge impériale accostera dans cinq minutes, annonça le capitaine. Regardez, on la voit par là.
— Parfait.
Le Gardien posa une main sur l’épaule de Henry.
— Venez, jeune Lame Illustre. Nous allons prendre nos sièges.
C’était le moment que le garçon redoutait le plus. Il allait devoir s’asseoir, et ses hauts-de-chausse étaient toujours aussi serrés.