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« Je vole ! pensa Henry. Je voooole ! »
C’était fantastique. Le vide était sous lui. Lui restait au-dessus, comme si une main géante l’avait retenu et suspendu dans les airs. Il n’avait jamais rien connu de tel. Un mélange de liberté et d’étourdissement.
Voler n’était pas plus inquiétant que de marcher. Un coup à prendre, rien de plus. Or, en quelques secondes, le garçon s’aperçut qu’il maîtrisait la situation. Il ignorait comment cette maîtrise lui était venue. Il se contentait de la constater : s’il voulait tourner à droite, il tournait à droite ; s’il préférait piquer vers le sol, il piquait ; et s’il souhaitait reprendre de l’altitude, un looping plus tard, il s’était éloigné du sol. Hallucinant. Excellent. Extraordinaire. Exceptionnel.
Ivre de bonheur, Henry volait de plus en plus haut. Il sentait le vent qui lui caressait le visage, et le sang qui battait plus vite dans sa poitrine à l’idée qu’il allait toucher le ciel…
D’ailleurs, il le touchait ! Il avait atteint le ciel. Et le ciel était solide. Parce que – comprit Henry – ce n’était pas le ciel. C’était un plafond. Cet indice lui suffit pour saisir ce qui se passait. Il déduisit que les troncs qui poussaient par quatre étaient des pieds de meubles. L’horizon était un mur ; l’espèce de montagne, dans le coin, avec ses contreforts – un lit, une table de chevet, un tabouret ; le promontoire qui lui avait servi de piste d’envol – un vêtement jeté en boule sous une coiffeuse.
Henry était dans une chambre qui lui paraissait géante parce qu’il avait rétréci. Tout devint clair. Malgré l’absence du biofiltre, le portail avait très bien fonctionné ; Henry avait atteint le palais. Simplement, il s’était transformé. Il était devenu une fée.
Il alla voleter devant le miroir posé sur la coiffeuse. En effet. Il ressemblait à Pyrgus tel que le Prince s’était présenté à lui lors de leur première rencontre. Henry était fou de joie : il pouvait voler et, en plus, il avait une tête – et un corps – de fée ! Il avait envie de danser, de crier…
C’est alors qu’il vit l’araignée. Elle était énorme.