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La vieille était légère, mais Silas n’était pas un sportif. Il commença de fatiguer après une centaine de pas. Qu’importe, la chance était avec lui : il était près d’un vieux chêne au tronc massif. La terre paraissait assez molle pour y creuser. Il se mit au travail.
Pendant que la tombe prenait forme, Sulfurique réfléchissait à son avenir. Il aurait mis sa main à couper que son beau-frère finirait par pointer le bout de son nez enfariné. Pas avant que la lune de miel eût pris fin, quand même. Ce qui lui laissait en gros une semaine de libre.
« Suffisant pour avoir vendu la maison, empoché l’argent et acheté un petit domaine dans Yammeth Cretch », estima Silas. Là-bas, il se referait gentiment sans attirer l’attention du nouvel Empereur pourpre, ce maudit Pyrgus.
Lorsque le trou fut assez profond, Sulfurique jeta un regard au cadavre ; puis il le poussa dans la tombe et accorda une brève oraison funèbre à celle qui avait été sa femme.
— Repose en paix, ma chère, lui lança-t-il avec un grand sourire. Ravi de t’avoir rencontrée !
Ensuite, il entreprit de combler la fosse.
C’est alors qu’une nuée de corbeaux s’envola à tire-d’aile en coassant. Quelqu’un arrivait. Et vite.