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M. Fogarty ouvrit les yeux quelques secondes avant la catastrophe. Il avait une mauvaise intuition. Pourtant, il mit un moment avant de comprendre ce qui se tramait.
Par une fenêtre de l’ouklo, il vit l’un des gardes s’approcher et inspecter l’intérieur de l’habitacle, comme pour vérifier que le Prince Pyrgus était toujours dedans. Quand le garde s’aperçut que M. Fogarty l’observait, il lui décocha un sourire mauvais.
Puis il disparut.
L’instant d’après, le convoi royal déviait sa course. Quelqu’un cria des ordres. Un hurlement retentit.
— On nous attaque, dit M. Fogarty d’une voix calme.
Pyrgus, qui était en grande conversation avec sa sœur, bondit à la fenêtre. L’ex-Gardien voulut l’en empêcher et conseilla :
— Ne te mets pas près de la fenêtre !
Trop tard. Le Prince avait ouvert la vitre et passé la tête dehors.
— Vous avez raison, confirma-t-il.
— L’un de vous est-il armé ?
— J’ai juste ma dague d’apparat, grommela Pyrgus en fermant la fenêtre.
— Moi, j’ai un aciel*, annonça la Princesse.
M. Fogarty la regarda, admiratif :
— Bonne idée d’avoir pris cette arme ! Mais je suis surpris que tu ne t’en sois pas servie pour tuer Comma…
Bleu grimaça.
— Une idée sur l’identité de nos assaillants ? demanda le vieil homme.
— Des hommes de Noctifer, suggéra Pyrgus. Attaque fulgurante, puissance de feu et effet de surprise : c’est signé !
— Et d’après toi qui le connais bien, il veut nous arrêter ou nous tuer ?
— Nous tuer.
— Eh bien, on va essayer de le décevoir… Combien d’hommes compte notre escorte ?
— Un convoyeur et une demi-douzaine de gardes. Le sortilège de direction doit nous amener directement à la frontière avec l’Haleklind. La route est connue ; le convoyeur n’a qu’à admirer le paysage. Quant aux gardes, ils sont là pour vérifier si nous ne sautons pas en cours de route.
M. Fogarty se frotta les mains :
— De toute façon, ils sont assez occupés avec les sbires de Noctifer sur leurs disques volants. Tu peux t’occuper du convoyeur ? Grimper sur les ouklos en pleine course, c’est plus de mon âge…
Pyrgus acquiesça. Pas question d’utiliser l’aciel pour le moment : l’arme était trop explosive. Il ne fallait jamais s’en servir dans un habitacle fermé. Même tuer le convoyeur au-dessus était hors de question, car la puissance de l’arme aurait désintégré l’ouklo.
Le Prince ouvrit la fenêtre de droite.
— Bonne chance ! souffla sa sœur.
— Passe plutôt à gauche, conseilla l’ex-Gardien. Il y a un peu trop d’action à droite.
Pyrgus obtempéra et disparut.