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Henry observa ses bottes marron foncé. C’était la partie la plus originale de son nouveau costume. Elles montaient jusqu’aux genoux… et étaient entièrement en soie. Comme sa chemise et ses hauts-de-chausse. Même la semelle n’était constituée que de quelques couches supplémentaires de soie.
C’était beau. Magnifique. Mais très fragile. Il crut entendre sa mère lui souffler : « Allons, combien de temps il va te falloir avant de les massacrer ? » Bof, il n’allait pas vexer ses hôtesses en refusant de porter ces merveilles. Il dénicherait plus tard une paire de vraies chaussures convenant mieux à sa vie d’aventurier. Pour le moment, il allait profiter de ses bottes : il les trouvait plus confortables que des chaussons, et plus agréables à porter que les dernières tennis à la mode.
Les femmes l’attendaient dans la pièce d’à côté. Conscient d’avoir revêtu ses plus beaux atours, Henry leur décocha un grand sourire de séducteur et dit :
— Je ne sais pas qui vous êtes, mais je vous remercie infiniment.
Il insista sur « infiniment », estimant que cela lui donnait un côté adulte.
— Je m’appelle Pêche Bénie, répondit la femme la plus proche en lui rendant son sourire. Pourquoi veux-tu nous remercier infiniment ?
D’autres femmes s’activaient pour disposer des plats sur une petite table. Henry ne reconnaissait pas le quart de ce qui l’attendait (il était à peu près aussi connaisseur en gastronomie qu’en haute couture), mais l’odeur qui montait des mets était exquise.
— Ben… le bain… les vêtements… et le repas que vous m’avez promis… Euh, au fait, je m’appelle…
— Henry Atherton, oui, je sais.
Le garçon fronça les sourcils et reprit :
— Vous m’avez dit comment vous vous appeliez… Pas qui vous êtes.
— Nous sommes les Maîtresses de la Soie, annonça Pêche Bénie. On nous appelle aussi les Sœurs de la Guilde de la Soie. Et nous allons encore t’aider.