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Le livre que Sulfurique tenait dans ses mains était une merveille. Il avait été écrit sept cent cinquante ans plus tôt sur du cuir de mouton. Il l’ouvrit au hasard avec précaution.
Trinitas…
Sother…
Messias…
Emmanuel…
Sabahot…
Adonay…
Athanatos…
Silas avait envie de crier de joie. Il tenait entre les mains le grimoire que Beleth lui avait demandé. Le livre le plus diabolique qui eût jamais circulé. Le dernier ouvrage d’authentique magie noire disponible dans le Monde analogue.
— C’est ce que vous souhaitiez, monsieur Sulfurique ? s’en-quit M. Ho.
— Oui.
— Et avec ça, qu’est-ce que vous prendrez ?
— Une grande feuille de parchemin vierge.
— Pas de problème.
— Et un cafard noir.
— Je vous en trouverai un.
— Et trois pintes de sang humain.
— Quel groupe ?
— G… groupe ?
— Oui, quel groupe sanguin préférez-vous, pour que je le commande à la Banque du sang ?
Ils avaient des Banques du sang dans le Monde analogue ? Quelle idée maligne ! Moins de victimes… et pas mal d’argent à se faire ! Sulfurique pensa que cela vaudrait peut-être le coup de s’y mettre, quand il serait de retour au Royaume et que sa situation se serait stabilisée…
— Aucune importance tant qu’il est frais, dit-il.
— C’est une affaire qui coule… euh, qui roule, monsieur Sulfurique !
Nouveau sourire naïf.
— Il vous fallait autre chose ? demanda M. Ho.
— Une salle privée où étudier ce texte fascinant, exigea Silas.
— Tout de suite.
— Et un endroit pour transporter mes acquisitions demain ou après-demain au plus tard.
— Je peux vous proposer une église abandonnée, avec son cimetière intact. Cela vous conviendrait-il ? J’ai repéré ce produit rarissime dans les petites annonces immobilières.
— Loin d’ici ?
— Non, un taxi vous y conduirait.
— Parfait.
— Je vous prends l’ensemble sur la carte ?
Ce fut au tour de Silas de sourire. Il était toujours sidéré par certains comportements des habitants du Monde analogue : ils préféraient ce ridicule petit bout de plastique à de l’or. « Ils sont impayables ! » pensa Sulfurique, ravi de son jeu de mots.
— Oui, monsieur Ho, dit-il. Prenez l’ensemble sur la carte, ne vous gênez pas !