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En arrivant à son rendez-vous, Pyrgus comprit très vite le sens du fameux proverbe selon lequel « il faut toujours s’attendre au pire : il ne devrait pas tarder ».
La veille au soir, la situation était catastrophique. Elle semblait désormais désespérée.
— Ton demi-frère a quelque chose à te communiquer, annonça M. Fogarty.
Pyrgus remarqua qu’il n’y avait ni Mme Cardui, ni Henry. Il se crispa un peu plus. Il préférait quand son ami était à ses côtés…
— Il veut te parler à toi personnellement, insista Bleu.
— Oh, vous pouvez rester ! lâcha Comma. Du moment que Pyrgus est présent…
Pyrgus l’observa. Son demi-frère avait-il encore grossi, ces derniers temps, ou était-ce une impression ?
— Je t’écoute, dit-il. Parle vite.
— On ne s’adresse pas comme ça à l’Empereur héritier, siffla Comma.
— Que…
— Je suis l’Empereur héritier. Et je ne suis pas content. Tu ne m’avais pas raconté que Papa était vivant, sale porc !
— Comma…, commença Bleu.
— Tu m’as fait croire qu’il était mort, poursuivit son demi-frère entre larmes et colère. Toi aussi, Bleu. Vous vous êtes ligués contre moi ! Vous m’avez menti !
— Personne ne t’a menti, objecta M. Fogarty.
— EH BIEN, PAPA N’EST PAS MORT ! hurla Comma. Il n’a jamais été mort. Et maintenant, il veut que je sois l’Empereur héritier.
Le silence retomba.
— Alors… tu es au courant, murmura Pyrgus.
— Je serai le prochain Empereur, continua Comma. Et toi… tu ne seras rien. Rien. Papa ne peut plus gouverner à cause de sa difformité. Alors, il m’a choisi. MOI !
Pyrgus n’y comprenait rien. Le duc de Burgonde avait pourtant affirmé que cette partie du pacte devait rester secrète.
— Qui te l’a dit ? demanda-t-il.
Son demi-frère eut un sourire de triomphe :
— Lord Noctifer lui-même !