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La femme était mince et vêtue de noir. Henry devinait qu’elle était fort belle – seules ses pupilles lui parurent très étranges. Elle était assise sur un fauteuil, près du seuil. Son visage impassible exprimait une patience inquiétante. Elle avait dû voir Henry inconscient, puis revenant à lui, se relevant ensuite et cherchant enfin à conserver son équilibre. À présent, elle le fixait « comme un serpent fixe un oiseau », pensa le garçon.

Puis elle sourit. Et tout ce qu’elle avait eu de sinistre disparut à la seconde. Son visage s’éclaira de l’intérieur.

— Tu es un ami de Bleu, n’est-ce pas ? demanda-t-elle.

— Comment va-t-elle ? s’enquit aussitôt Henry.

— Elle doit être passée en Haleklind, à l’heure qu’il est, répondit la femme d’un air rêveur. Et toi, dis-moi… Tu es un ami très intime, pour que je te trouve dans sa chambre !

Le garçon devint cramoisi :

— Euh… Je suis plutôt un ami de Pyrgus, en fait.

En un sens, c’était vrai. Et plus simple à expliquer que la traversée du portail malgré le défaut du biofiltre, puis le voyage mental en arachnide psychotronique.

— Je voulais aller dans la chambre de Pyrgus, prétendit Henry, et je me suis perdu.

— Viens, je vais t’y conduire, proposa la femme. Ce n’est pas loin.

Elle se leva et l’attendit.

— M… merci, bégaya le garçon.

Il essayait de deviner à qui il avait affaire. Holly Bleu avait un nombre incalculable de domestiques ; mais son interlocutrice n’était pas habillée à la manière d’une servante. Elle semblait vêtue de soie – Henry s’y connaissait juste assez en chiffons pour savoir que cette matière était affreusement chère – et de couleur pourpre qui plus est. Une couleur réservée à la famille impériale. Il laissa sa curiosité l’emporter sur sa timidité et lança :

— Je m’appelle Henry Atherton.

La femme prit la main qu’il lui tendait et, l’entraînant hors de la pièce, elle répondit :

— Moi, c’est Quercusia.

— Et vous êtes…

— … la Reine du Royaume des Fées.