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Bleu se réveilla en sursaut.
Il y avait quelqu’un dans sa chambre. Elle l’entendait respirer. Comment l’intrus avait-il réussi à passer le barrage des gardes ? Elle tendit la main pour saisir une arme, ne trouva qu’un cône lunaire d’urgence et le craqua. Une pâle lueur enveloppa sa chambre.
Comma était debout, au pied de son lit.
— NON MAIS ça va pas ? cria-t-elle. Il faut que t’arrêtes de te glisser partout ! Ça ne se fait pas ! Et puis c’est ma chambre, ici ! Alors, tu vas déguerpir, sinon…
— J’arrivais pas à dormir, marmonna Comma. Et puis je voulais te parler, Bleu.
— Oui ? Ben, plus tard. Demain matin. Tard. Enfin, non, d’ailleurs. Va parler à quelqu’un d’autre. Moi, je veux DORMIR !
Elle tira les couvertures par-dessus sa tête pour mettre fin à la conversation.
Comma feignit de ne pas comprendre et s’assit sur son lit.
— Je veux parler de Maman…, murmura-t-il. Ils l’ont encore enfermée.
— Je sais. Et c’est une bonne nouvelle.
— Parfois, la nuit, je l’entends crier.
— Tu cauchemardes, Comma. Tu peux pas l’entendre.
— Si elle n’était pas à l’isolement, j’aurais pu aller lui parler.
— Et de quoi lui aurais-tu parlé ?
— De Pyrgus.
— De Pyrgus ? répéta Holly Bleu.
Elle se redressa. Son demi-frère regarda avec insistance sa chemise de nuit. Elle se dépêcha de passer une robe de chambre.
— Elle m’aurait dit quoi faire, expliqua-t-il.
— À quel propos ?
— Pyrgus a tué notre père.
— Non. Tu sais qu’il n’y était pour rien. C’est ce démon qui possédait M. Fogarty. Sale menteur ! Si tu crois que…
— La deuxième fois, ce n’était pas un démon. C’était Pyrgus. Il a cru que personne ne regardait, et il a décapité Papa.
La Princesse resta un moment interdite. Puis elle sauta hors de son lit :
— Bon, allez, ça va. J’en ai assez de tes âneries. Sors d’ici.
— D’accord, j’m’en vais…
Sur le seuil, il se retourna et lâcha :
— Si tu me crois pas, demande à l’autre type, là…
— Quel autre type ?
— Celui qui était attaché sur le lit, à côté de Papa. Lui aussi, il a vu Pyrgus tuer Papa.