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« Chtoc-chtoc-chtoc », faisait le corps de sa défunte épouse, tandis que Sulfurique le traînait hors de la maison. Il était léger comme une plume ; et Silas avait le cœur content.
Oh, le beau meurtre que ç’avait été ! Le meurtre parfait. Tout simplement. Rien à voir avec l’amateurisme de la vieille. Penser qu’elle en avait tué cinq avec son débouche-canalisation dans le vin ! Sulfurique se mit à rire : ces imbéciles n’avaient pas mérité de vivre.
Allons, il ne lui restait plus qu’à finir le travail. Alentour, pas âme qui vive. Si quelqu’un approchait, les corbeaux l’avertiraient.
Dans le jardin, Sulfurique contempla sa nouvelle demeure avec gourmandise. Plus tard, il examinerait l’intérieur afin d’évaluer avec précision le prix qu’il pourrait en demander. Pour le moment, il avait juste besoin d’une pelle. Si la bouteille de vin à l’acide avait été plus remplie, il aurait pu dissoudre le corps dans la baignoire, quitte à dissoudre aussi la baignoire tant le poison semblait puissant. Mais le liquide manquait. À croire que l’acide l’avait dissous lui aussi !
Il allait devoir se conformer à la tradition : creuser une fosse, la dissimuler, et ne pas oublier de planter un pieu dans le cœur du cadavre, histoire d’éviter qu’on ne réveillât le corps avant que la dépouille ne fût putréfiée.
Il trouva ce qu’il cherchait dans la cabane du jardin. Attrapa feu sa femme par les cheveux. Et l’attira dans les bois vers sa dernière demeure.