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Les Maîtresses de la Soie avaient conçu un nouveau costume pour Bleu. C’était une création incroyable, très élaborée, dont le lustre reflétait les rayons ultraviolets. Résultat, quand on la portait, on donnait l’illusion de déployer des ailes irisées.
La Princesse préférait le précédent. Elle s’apprêtait à ôter le deuxième pour réessayer l’ancien lorsque Comma entra en coup de vent.
— Tu ne peux pas frapper ? cria-t-elle.
— Pourquoi ? marmonna son demi-frère.
— J’aurais pu être toute nue !
— Ben, tu l’étais pas…
Soudain, un rictus gourmand éclaira son visage blême.
— Je peux aller faire coucou aux gens, sur le pont ? demanda-t-il.
— Oui.
— Tu crois que Pyrgus veut bien, lui aussi ?
— Demande-lui.
— Nan.
Le garçon s’aperçut dans le miroir, et ses yeux s’écarquillèrent. Il se jugeait sexy. Très. Son costume immaculé lui seyait à merveille.
Comma était habillé en blanc de pied en cap – chaussures blanches, chaussettes blanches, haut-de-chausses blanc, chemise blanche, gilet blanc, chapeau blanc. Il se dévora des yeux, souriant de se voir si beau en ce miroir, puis déclara :
— Je vais porter ça tout le temps !
Il pivota sur la droite, puis sur la gauche.
— Pas juste pour la cérémonie, insista-t-il. Tout le temps, tout le temps… Ça me va trop bien.
— Tu vas le salir, tu sais…
— J’utiliserai des sortilèges. Tu me donneras des sous pour payer les sorciers.
La Princesse secoua la tête :
— On verra. Pour le moment, va sur le pont faire ton crâneur, et laisse-moi me préparer. On va accoster bientôt.
— Bientôt ? Tu rêves ! Pas avant des heures ! Ils n’ont pas encore ouvert le pont devant nous !