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Henry se sentait tout drôle. Comme s’il venait de tomber malade. Autour de lui, les murs semblaient onduler. À chaque pas, il avait l’impression d’avancer dans la mélasse.
— Je ne suis pas très bien, murmura-t-il.
Et sa voix résonna dans sa tête comme un gong dans le vide.
— Tu vas t’habituer, affirma Bleu d’un ton sans réplique. Contente-toi de me suivre.
Elle s’avança vers la porte du commissariat, appuya sur la poignée et poussa. Le battant ne s’ouvrit pas.
— C’est fermé, signala-t-elle, une pointe d’agacement dans la voix.
Henry se demandait ce qu’il avait mangé en dernier. Il avait peur de le voir réapparaître d’ici peu.
— Ils font ça, maintenant, lâcha-t-il. À cause du terrorisme et du vandalisme, je crois. On n’entre plus dans un commissariat comme dans un moulin. Faut sonner et parler à travers cet interphone.
— Mais si je parle là, ils vont savoir qu’il y a quelqu’un !
— C’est le but, souffla-t-il, pas certain qu’il réussirait à rester debout une minute de plus. Grâce à ça, ils savent à qui ils ont affaire.
— Je ne veux pas qu’ils sachent que je suis là ! protesta la jeune fille.
Henry n’en pouvait plus. Son cerveau, désormais à l’état liquide, dérivait lentement dans son crâne.
— Alors co… comment comptes-tu entrer ? parvint-il à grogner.
Un grésillement résonna, puis la porte s’ouvrit. Un homme sortit du bâtiment. Il passa devant Holly Bleu et son ami sans leur accorder un coup d’œil. La Princesse avança le pied pour bloquer le battant.
— Viens ! ordonna-t-elle en se faufilant à l’intérieur.
Le garçon l’observa un moment sans comprendre. Puis il se glissa à sa suite. Derrière lui, un claquement se fit entendre. La porte s’était refermée.