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La ruse de Ziczac était bonne. Deux soldats de la Forêt avaient posé une main ferme sur l’ingénieur. Les deux gardes devant lesquels passa peu après le commando déguisé en soldats de Noctifer ne bronchèrent pas. Tandis que la petite troupe s’engageait dans un corridor très froid et obscur, Pyrgus souffla à Nymphalis :

— Tu m’as sauvé la vie.

— Ils t’ont surpris, pas vrai ?

— Complètement. Sans toi, je serais mort. Merci.

Malgré l’obscurité, le jeune homme crut voir rougir la jeune fille.

— De rien, murmura-t-elle.

— Comment ça, « de rien » ? protesta-t-il avec un large sourire. Tu as sauvé la vie d’un Prince, ce n’est pas « rien » !

— Je voulais dire que…

Pyrgus ne sut jamais ce qu’elle voulait dire car on les attaquait de nouveau.

Un bras le saisit à la gorge. Le jeune homme vit l’éclat d’un stylet effilé briller… puis s’arrêter à un demi-centimètre de son cœur. Il se retourna et s’aperçut qu’il avait été attaqué par une femme. « Décidément, elles sont toutes folles de moi ! » pensa-t-il. Son assaillante le regardait, bouche bée. Sans comprendre à quoi elle jouait, Pyrgus se plia et, d’un revers bas, lui faucha la jambe arrière. La femme tomba en arrière. Sa tête heurta avec violence le mur. Elle était hors de combat pour un moment.

Le jeune homme pivota. Le groupe d’agresseurs n’était constitué que d’agresseuses, presque aussi vives et habiles au combat que les Fées de la Forêt. Cependant, leurs armes étaient trop rudimentaires pour se mesurer à celles de leurs ennemis. Sur ce genre d’assaut, c’était quitte ou double : si l’effet de surprise ne suffisait pas à mettre en déroute l’adversaire, les attaquants étaient sûrs de périr.

Nymphe fut la première à dégainer sa baguette à feu.

— NON ! cria Pyrgus. Pas de sang !

Ces assaillantes étaient des Fées de la Lumière. Elles avaient dû les attaquer… parce qu’ils s’étaient déguisés en gardes de Noctifer. Elles résistaient. La rébellion couvait dans le palais. Cette agression n’était qu’un malentendu. Ses femmes étaient des partisanes de la Maison Iris.

— Arrêtez ! lança le Prince. Vous ne me reconnaissez pas ? Je suis…

Trop tard. Les femmes avaient vu les baguettes à feu et avaient pris la poudre d’escampette.

— Laissez-les ! s’exclama à son tour Holly Bleu. Mais laissez-les, quoi !

« Elle a compris, elle aussi », déduisit son frère.

Les Fées de la Forêt avaient lancé leur poursuite. Dans la précipitation, les soldats n’avaient pas entendu les contrordres. Même Ziczac était parti aux trousses des fuyardes.

— Ta petite chérie est une folle dangereuse ! cracha Bleu en suivant le mouvement.

Pyrgus la suivit en hurlant :

— Arrêtez !

Les femmes franchirent un seuil, où les attendaient d’autres femmes. Ziczac leur jeta une espèce de boule de feu. Pyrgus accéléra, rattrapa son escorte et tenta de s’interposer :

— Arrêtez ! Je… Nymphe, non !

Il saisit le bras de la soldate au moment où elle allait tirer. Derrière lui, la voix de Bleu s’éleva :

— Ce sont les Maîtresses de la Soie ! Rangez vos armes, imbéciles !

Nymphe rengaina sa baguette. Cependant, dans la mêlée générale, Pyrgus était incapable de voir ce que fabriquaient les autres. Il se précipita dans la pièce suivante. Devant le groupe des femmes, un corps. Bleu jaillit de derrière lui et identifia le blessé :

— HENRY ! PAS TOI !