90
Henry secoua une dernière fois la porte. En vain.
Il s’assit sur les marches, renonça à aller s’abriter dans les égouts et décida de consacrer les dernières minutes de son existence à réfléchir. Que lui avait-il manqué pour réussir sa fuite ? Juste d’être prévoyant. Il pensa avec nostalgie à la boîte à outils qui attendait chez lui, sur une étagère du garage. Il pensa notamment au marteau, avec son gros manche en bois, dont personne ne s’était jamais servi – ni sa mère ni son père. À part Henry, personne ne bricolait, dans la famille. Dire qu’un simple couteau suisse lui aurait été si utile. Il n’en avait pas.
Il en était là de ses regrets quand, derrière lui, la porte s’ouvrit. Toute seule.
Henry se leva d’un bond et pivota pour découvrir un groupe de femmes portant des tenues spectaculaires.
— B… bonjour, bégaya-t-il en tâchant de rapetisser.
Il n’avait jamais été très soucieux de son apparence. Bon, disons qu’il n’y avait pas souvent prêté attention, surtout quand Holly Bleu n’était pas dans les parages. Cependant, devant ces femmes si élégantes, il se sentait honteux de son pantalon de treillis crotté, de son T-shirt sale qui affirmait que les filles étaient « TOUTES FOLLES DE MOI » – ce qui était d’autant moins probable qu’il devait dégager des remugles épouvantables.
Qui étaient ces inconnues ? Travaillaient-elles pour Pyrgus ou pour Quercusia ? Avaient-elles déjà compris qu’il était un prisonnier en fuite ? Les gardes l’attendaient-ils derrière elles ?
Comme ses interlocutrices se contentaient de le regarder sans bouger, Henry finit par murmurer :
— Je me suis perdu…
— Eh bien, nous allons t’aider à te retrouver ! répondit une femme avec un grand sourire.