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Le commando – ou plutôt ceux qui restaient et ceux qui l’avaient rejoint – se dirigea vers la sortie. Ils éprouvaient un curieux mélange d’épuisement et de tension nerveuse : ils savaient que la partie n’était pas gagnée. Les gardes de Noctifer pouvaient surgir à tout moment.
Bleu et Pyrgus avaient désiré emmener avec eux le corps d’Apatura. Nymphalis les en avait dissuadés : cela immobiliserait deux d’entre eux, plus un troisième pour transporter la tête. Hors de question. Ce qui les attendait n’était pas une partie de plaisir. Ils allaient certainement devoir se battre pour quitter ce domaine.
D’ailleurs, Nymphalis avait pris plus ou moins la direction des opérations. Une bonne initiative, aux yeux de Henry. Elle était compétente, et ils avaient besoin de ses conseils.
Ils n’étaient plus que six. Deux soldats sur trois avaient trouvé la mort.
Comma était un enfant, et s’il avait fait illusion dans le labyrinthe, il avait craqué depuis l’ultime scène d’horreur.
Henry avait récupéré une longue dague sur le cadavre du chaman qui avait tué l’Empereur. Mais il se savait incapable de s’en servir.
Pyrgus et Bleu étaient passés sur mode automatique. Leurs visages cireux n’exprimaient plus aucune émotion.
Même Flipflop était sous le choc.
Pour sortir, Nymphalis ne voulut prendre aucun risque. Elle emprunta d’abord la navette de suspension qu’ils avaient prise à l’aller avec Bleu et Pyrgus. Puis elle la renvoya pour Henry et Comma. Le garçon passa son bras autour des épaules de l’Empereur héritier, puis ils grimpèrent ensemble dans la navette lorsque Nymphe lui fit signe. Comma trembla sans discontinuer.
Ils atteignirent le sol de la grotte. Nymphe les conduisit vers l’escalier, en les avertissant de prendre leurs armes à la main.
Poussé par le ton autoritaire de la soldate, Comma sortit une espèce de dague. Crispées sur la garde, ses mains étaient parcourues de soubresauts.
Mais tandis qu’ils gagnaient le bâtiment principal du manoir, ils ne rencontrèrent aucun garde. Apparemment, l’édifice avait été déserté. Pyrgus et sa suite passèrent une porte ouverte et aperçurent un repas à moitié terminé sur une table. Ils n’avaient pas encore atteint le niveau du rez-de-chaussée quand, au-dehors, des hurlements s’élevèrent.