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UnE HIsTOIRE dU Canada
Chrétien n’a pas cette suite dans les idées. L’importance économique de la Chine prend le pas sur son dossier d’oppression en matière de droits de la personne. Pour être juste, comme la plupart des alliés du Canada, notamment et surtout les états-Unis, le gouvernement Mulroney a déjà fermé les yeux sur les excès intérieurs du gouvernement dictatorial chinois. équipe Canada est bienvenue à Pékin ; l’avantage économique, par opposition au spectacle auquel il donne lieu, demeure une question de spéculation.
tous les spectacles ne sont pas toujours parfaitement sûrs. étant l’hôte d’un sommet des puissances de l’asie-Pacifique à vancouver en 1997, le gouvernement canadien se retrouve du mauvais côté d’une controverse publique, réprimant d’une main de fer des manifestations d’intense indignation envers la présence du dictateur indonésien suharto. Le bureau du premier ministre accepte la blâme et l’étoile de Chrétien s’en trouve pâlie.
Les activités de maintien de la paix ne donnent pas non plus de résultats fiables. Quand la paix a été rompue dans le désert du sinaï en 1967, les responsables du maintien de la paix se sont montrés impuissants à agir. Leur présence était symbolique et, en général, ils n’étaient pas suffisamment nombreux ni ne disposaient d’un équipement suffisant pour imposer la paix disparue. Le Canada prend part à un certain nombre de missions de maintien de la paix des nations Unies au cours des années 1990, en Bosnie, en Croatie, en somalie, au rwanda et en Haïti, entre autres. Parmi celles-ci, les missions en Bosnie, en Croatie et en somalie sont déjà en cours quand Chrétien prend le pouvoir.
en Bosnie, en raison d’un mandat mal défini de l’OnU et des politiques incohérentes et évasives des principaux alliés du Canada, une guerre civile entre serbes bosniaques, Musulmans et Croates traîne en longueur. Les soldats canadiens et ceux d’autres pays de l’OnU se trouvent pris entre deux feux sans avoir ni la force ni l’autorité suffisantes pour imposer la paix aux combattants locaux. au mieux, la présence des casques bleus empêche une victoire serbe, sans toutefois pouvoir éviter le bombardement de la capitale bosniaque, sarajevo, par les serbes ni le massacre de Musulmans à srbenica en 1995. Le Canada fournit des troupes à la force de l’OnU mais, en dépit de l’ampleur de sa contribution, il est exclu du « groupe de contact » qui s’efforce de guider l’approche occidentale de l’ex-Yougoslavie après 199126. La guerre en Bosnie se solde par une victoire militaire sur le terrain des Croates sur les serbes bosniaques en 1995 et non en ayant recours au mantra de la paix ou du maintien de la paix. C’est un enseignement à tirer : le maintien de la paix à la canadienne ne fonctionne pas lorsqu’il n’y a pas de paix à préserver.
17 • nouveau millénaire, nouvel univers