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UnE HIsTOIRE dU Canada
de très rares exceptions près, le gouvernement dépensera moins. il réduit de façon draconienne les paiements de transfert aux provinces, ce qui signifie que ces dernières auront moins d’argent à dépenser en santé, bien-être et éducation. il y a longtemps que les politiciens fédéraux se plaignent de voir les provinces s’attribuer tous les mérites et bénéficier de l’avantage politique des subventions fédérales. C’est maintenant au tour des provinces de recueillir le blâme des réductions dans les services. si, sur un plan philosophique, ces réductions peuvent être agréables à imposer pour des gouvernements de droite comme celui de Harris en Ontario, la baisse des largesses fédérales a certes pour effet d’amplifier l’impact de leurs politiques et contribue sans doute à long terme à leur mort politique. (Ce même phénomène n’aide en rien les gouvernements de gauche non plus, comme l’administration néo-démocrate de Glen Clark en Colombie-Britannique.) La volonté fédérale de faire des économies touche particulièrement les dépenses militaires. La guerre froide étant désormais chose du passé, la taille des Forces armées diminuait déjà mais le processus s’accélère sous les libéraux. il ne s’agit pas tant du nombre de soldats que de leur matériel. Les achats sont annulés ou différés et, à la fin des années 1990, les chars d’assaut vieillissants, les avions de chasse vieillissants et les vieux hélicoptères deviennent le symbole du sort malheureux des Forces armées.
Bien que, sous Chrétien, le Canada demeure actif en politique étrangère, le soutien de la force militaire lui manque de plus en plus. d’un ton lugubre, des observateurs américains comparent la contribution militaire du Canada à celle de l’islande.
Chrétien et Martin connaissent du succès dans leur lutte nationale.
Le déficit fédéral diminue avant d’être aboli en 1997. Martin commence à rembourser la dette nationale, qui, de plus grande par rapport aux autres nations industrialisées avancées du G8, devient la plus petite. (de façon plus concrète, la dette nationale du Canada représentait 68,4 pour cent du PiB
en 1995-1996 et passe à 38,7 pour cent en 2004-2005)19. La lutte au déficit du Canada reflète celle des états-Unis, où l’administration démocrate de Bill Clinton parvient elle aussi à vaincre le déficit. Ce n’est ni la première ni la dernière fois que les politiques américaine et canadienne suivent une voie semblable.
Une simple énumération des enjeux et des politiques et un survol des trois victoires électorales successives (1993, 1997 et 2000) de Chrétien ne rendent pas justice à la nature très partisane de la politique pendant sa décennie au poste de premier ministre (de 1993 à 2003). si Chrétien parvient à garder le pouvoir, il le doit autant à l’amélioration de la situation économique de la fin des années 1990 qu’à ses politiques impitoyables.
Chrétien n’a rien d’un innovateur en politique ; il fait avec ce qu’il a et donne à son gouvernement un style principalement de gestionnaire ; en 17 • nouveau millénaire, nouvel univers