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La merveille du siècle : le pont victoria sur le fleuve saint-Laurent à Montréal, célébré en musique, 1860.

 

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Les années qui suivenT la rébellion sont témoin d’une forme différente de révolution. L’amérique du nord britannique ne rejette ni le joug britannique ni sa constitution monarchique. Bien au contraire – dans les années 1860, les colonies sont plus que jamais liées à la mère patrie par la volonté de leurs habitants, exprimée dans le cadre d’un système gouvernemental qui a pour caractéristique déterminante le développement de l’autonomie. L’ancien empire britannique, conçu traditionnellement comme une métropole entourée de dépendances économiques et politiques, n’aurait jamais toléré une telle dévolution d’autorité mais, compte tenu du fait que la politique britannique se modifie dans les années 1830, l’empire britannique change de forme et de sens dans les années 1840.

L’empire s’est littéralement rapproché puisqu’une révolution dans les transports et les communications réduit le temps de déplacement grâce aux bateaux et aux trains à vapeur et au télégraphe. dans les années 1860, les nord-américains britanniques sont informés presque immédiatement des événements qui surviennent au loin. Les soldats ne mourront plus sur des champs de bataille éloignés après que la guerre ne soit terminée, comme en 1815, à la nouvelle-Orléans.

Une autre raison fait en sorte que l’empire est plus regroupé –

beaucoup de ses sujets quittent les îles Britanniques pour s’installer dans la périphérie coloniale, notamment les possessions britanniques d’amérique.

Les habitants de terre-neuve ont un accent irlandais, tandis que les principaux politiciens canadiens – John a. Macdonald, par exemple, ou son rival George Brown – parlent avec un accent écossais, héritage de leur pays d’origine. dans les années 1860, ils sont assez nombreux pour qu’il soit possible de parler d’un nouveau pays, une fédération de colonies au sein d’un empire – une monarchie viable, autosuffisante dans le nouveau Monde. Bien qu’en 1837 ou en 1840, on rêve d’un tel événement, il semble très improbable et, dans le meilleur des cas, sa faisabilité reste incertaine.

Le signe extérieur de la viabilité des colonies nord-américaines réside dans leur population. dans les années 1810, la population collective des possessions britanniques en amérique du nord est d’environ 700 000

habitants, y compris peut-être 100 000 autochtones. dans les années 1860, elle se situe à un peu plus de 3,5 millions, dont probablement 150 000

autochtones. Comparativement à la population des états-Unis, de la Grande-Bretagne ou de l’empire britannique, ces chiffres sont peu élevés mais ensemble, ils suffisent pour former un pays.

 

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RéinVEnTER L’EmpiRE

Jusqu’aux années 1830, les européens se fixent aux périphéries de l’amérique du nord. dans l’est, les côtes sont assez densément colonisées et, bien que les colons s’installent à l’intérieur du continent, le paysage a peu changé, même autour des Grands Lacs. Les forêts couvrent encore les terres et le peuplement humain n’est qu’occasionnel – des clairières dans les bois reliées par des chemins épouvantables. Même si l’été, les bateaux à voile et à vapeur réduisent l’isolement et que l’hiver, les traîneaux permettent de franchir la glace et la neige, les nouvelles prennent des semaines à parvenir à des villes comme toronto et Upper Canada, davantage pour la mode et les inventions. il est vrai qu’on peut se déplacer plus rapidement et que le transport est plus fiable que dans les années 1730 ou les années 1630 mais, à l’instar des siècles précédents, la diffusion de l’information dépend du bouche à oreille ou de la transmission de documents d’un point à un autre.

Les maladies voyagent également, par le bais de l’immigration, de l’europe vers des ports comme Halifax, Québec ou Montréal, où le choléra fait son apparition en juin 1832. Cette année-là, à Montréal, mille huit cents personnes succombent au choléra et deux mille deux cents à Québec ; le choléra se déplace ensuite vers l’intérieur le long des cours d’eau, vers York et detroit dans l’Ouest et vers la vallée de l’Hudson jusqu’à la ville de new York. On craint particulièrement cette maladie parce que son apparition entraîne rapidement une mort douloureuse, essentiellement à cause de la déshydratation provoquée par la diarrhée et les vomissements. Personne ne sait exactement comment elle se propage (les autorités médicales blâment les miasmes), simplement qu’elle se transmet par le contact humain ; les autorités ont donc recours à la pratique séculaire de la quarantaine pour les populations et les régions atteintes. À la Grosse Île, en aval de Québec, on établit une station de quarantaine destinée aux immigrants de classe inférieure ; les passagers de classe supérieure qui payent plus cher se rendent directement de Québec à Montréal1.

La quarantaine a peu d’influence sur une autre maladie, le typhus, qui se répand également par les approvisionnements d’eau contaminée.

en 1847, à Kingston seulement, mille quatre cents immigrants irlandais malchanceux qui ont échappé à la famine qui sévit dans leur pays sont victimes du typhus2. Les commerçants de fourrure et, par la suite, les bateaux à vapeur qui remontent les grandes rivières des plaines contribuent à la propagation à l’intérieur du continent des maladies d’origine européenne qui continuent de décimer la population autochtone ; le même phénomène se produit à mesure que les contacts avec la côte Ouest se multiplient.

 

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en fonction des normes ultérieures, les municipalités et les villes sont petites – en 1850, Halifax compte approximativement vingt mille habitants, Montréal, environ cinquante mille et toronto, vingt-cinq mille.

Leur taille n’est pas seulement limitée en raison du manque de population.

il existe de réelles restrictions à l’expansion des localités jusqu’à ce qu’on creuse des égouts pour les rejets, qu’un approvisionnement en eau fiable remplace les puits individuels et que le charbon remplace le bois comme source principale de chauffage. À toronto, les premiers égouts sont creusés dans les années 1830 et le gaz (fabriqué avec du charbon importé) servant à l’éclairage apparaît en 1840. en 1842, l’auteur britannique Charles dickens, qui est en tournée, complimente la ville pour « son énergie, ses affaires et sa mise en valeur ». On y trouve, dit-il à ses lecteurs, des rues pavées, des lampes à gaz et d’« excellents » magasins3. apparemment, dickens n’est pas empoisonné par l’eau, ni abattu par la maladie durant sa visite au Canada ; sur ce plan, il a de la chance. toronto, comme d’autres centres de population coloniale – saint-Jean, au nouveau-Brunswick est la première ville à agir

– cherche encore le moyen d’assurer un approvisionnement en eau sain et protégé grâce à des conduites de distribution privées4.

L’acheminement vers les villes des marchandises destinées à leurs

« excellents » magasins est également problématique en raison des difficultés en matière de transport. Les nécessités de tous les jours doivent être importées dans les villes par chariot sur des chemins qui sont tantôt boueux, tantôt poussiéreux, ou déchargées sur les rives sales de la baie de Fundy, du saint-Laurent ou des Grands Lacs. dans les anciennes zones de peuplement, il est de plus en plus difficile de se procurer du bois comme combustible et le transport vers la ville engorge les chemins coloniaux dégradés. évidemment, les jardins maraîchers et les autres fermes pourraient subvenir aux besoins locaux mais pour les cultivateurs, se rendre au marché représente toute une aventure.

dans les années 1830 et 1840, les gouvernements expérimentent l’aménagement des chemins. ils construisent des chemins de rondins ou envisagent les chaussées de macadam (du nom de l’ingénieur écossais Mcadam). ils engagent des entreprises pour la construction de routes à péage et de canaux bordés de débarcadères, de quais et de jetées. dans les provinces de l’atlantique, on n’a pas à se rendre jusque là ; en effet, le terrain de la nouvelle-écosse jonché de rochers et de tourbières représente un problème en lui-même pour ce qui est de relier une zone de peuplement à l’ autre. au-delà de la nouvelle-écosse, les forêts s’étendent sur des milles et des milles, ponctuées sporadiquement de peuplements qui se font de plus en plus rares avant de rejoindre la ligne de partage des eaux entre les vallées des fleuves saint-Jean et saint-Laurent.

 

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dans les provinces de l’atlantique, la croissance agricole atteint rapidement ses limites, même dans le Bas-Canada, où la dernière grande parcelle de terre arable, les Cantons de l’est, se sature. Le bois constitue la culture commerciale de cette région, comme presque partout ailleurs dans les provinces d’amérique du nord. il y a le bois de chauffage et le bois de construction. au nouveau-Brunswick et dans le Haut-Canada, les récoltes de bois d’œuvre et de bois de sciage approvisionnent l’urbanisation de la Grande-Bretagne, où la révolution industrielle est en plein essor et dont les besoins en matière d’approvisionnement outre-mer semblent illimités.

de ce fait, on assiste à une réorganisation de la population de la Grande-Bretagne : les agriculteurs se dirigent vers les villes en expansion et la prospérité encourage le taux de natalité. Les familles devant se loger, il faut du bois d’œuvre pour construire les habitations et du blé pour nourrir les gens.

dans la lointaine amérique du nord, la limite des forêts recule.

La fréquence et la taille des clairières augmentent jusqu’à ce que, dans les années 1840, le terrain se transforme – le couvert forestier peut sembler être en voie de disparaître5 (paradoxalement, la reforestation débute à peu près à la même époque puisqu’on commence à abandonner les terres marginales le long de la côte atlantique pour des fermes plus fertiles à l’intérieur du continent). La déforestation de vastes secteurs de l’amérique du nord britannique est une indication de l’efficacité et de l’efficience du système colonial, le sous-produit d’une philosophie mercantile par laquelle la mère patrie et ses colonies vivent dans un cocon de soutien mutuel. Les gouverneurs locaux se contentent d’émettre une conception traditionnelle de la relation appropriée entre une colonie et sa mère patrie, contre laquelle Howe, Papineau et Mackenzie se battent en vain.

dans les années 1840, la relation entre les colonies américaines et l’empire britannique se transforme. Pour la première fois, les colonies deviennent plus ou moins autosuffisantes – en tout état de cause, elles n’ont pas à recourir à un renflouement constant de la part du gouvernement local. La dépendance coloniale par rapport à l’empire passe du domaine physique – plus d’immigrants et de soldats et encore plus de subventions pour le développement des colonies – au domaine psychologique.

Parallèlement, à mesure que le souvenir des guerres napoléoniennes s’estompe, la dépendance psychologique britannique par rapport aux colonies en tant que source d’approvisionnement sûre en temps de guerre diminue – pour la nourriture ou le bois d’œuvre. néanmoins, il est difficile d’abandonner de vieilles habitudes. il est encore tentant de céder aux colonies – et au début des années 1840, le gouvernement britannique accorde, pour ce qui semble être la dernière fois, l’entrée libre des céréales 8 • de colonies à provinces

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coloniales (ou « maïs », comme on l’appelle dans les îles Britanniques) sur le marché britannique. il s’agit cependant d’une perte de temps puisque le mécontentement persiste dans les colonies, en particulier en amérique du nord.

en 1815, la victoire sur l’ennemie traditionnelle, la France, a été si totale que cette dernière n’a ni le pouvoir militaire, ni le pouvoir économique, ni la volonté politique de menacer les intérêts britanniques. La révolution industrielle et la croissance de la richesse et du pouvoir britanniques font en sorte qu’au milieu du siècle, la Grande-Bretagne n’a pas de concurrent sérieux. L’industrie et les produits britanniques n’ont à craindre d’aucun rival. ils ne nécessitent ni tarif coûteux, ni protection rigide. de plus, ils constituent des sources d’approvisionnement moins chères et moins éloignées que les colonies. On assiste à des émeutes contre le coût élevé de la vie et une façon évidente de répondre au mécontentement public consiste à réduire les tarifs sur les denrées alimentaires et les matériaux de construction. Comme il faut s’y attendre, les chefs politiques britanniques et l’opinion britannique en général commencent à tirer des conclusions appropriées.

Malheureusement pour les colons, on regroupe les tarifs et les colonies en une question politique d’importance suprême. La Grande-Bretagne doit-elle adopter le libre-échange et abandonner la protection tarifaire incorporée dans ses « lois sur les céréales » et, par le fait même, le système de contrôles et de mesures incitatives qui la lie aux colonies ?

À l’époque comme aujourd’hui, la réponse des économistes est adéquate en principe mais, comme toujours en politique, la vraie question est assez différente. d’un point de vue plus concret, la Grande-Bretagne devrait-elle abandonner une politique qui procure des aliments chers et des importations coûteuses à une population rétive, qui a tendance à provoquer des émeutes ?

devrait-elle maintenir une politique en faveur des aliments chers face à une famine imminente en irlande causée par la perte de la récolte de pommes de terre ? en 1848, le premier ministre conservateur, sir robert Peel, décide de ne pas la maintenir. il divise son parti mais gagne sur la grande question du libre-échange, qui fera partie de la politique britannique pendant les quatre-vingt-dix années qui suivront.

La décision de Peel n’est pas bien accueillie dans les colonies.

La politique britannique encourageait la dépendance, une dépendance profitable qui récompensait l’allégeance coloniale par des avantages commerciaux. Jusqu’en 1846, les céréales canadiennes exportées vers la Grande-Bretagne jouissent d’un tarif préférentiel et, pour cette raison, les Canadiens investissent dans des fermes pour la culture du blé, dans des canaux pour le transporter et dans des moulins pour le transformer en 178

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farine. sous le régime colonial existant, les importations de farine américaine sont transformées en produits canadiens et peuvent être acheminées sur le saint-Laurent en vue d’être exportées en Grande-Bretagne. Un voyageur britannique fait observer qu’il a vu un moulin à farine canadien, « un nouveau bâtiment de grande taille, dont la construction a dû coûter de nombreux milliers de livres […], à l’arrêt », à cause de la dernière politique britannique. Par conséquent, le commerce se déplace de Montréal à new York6.

Une histoire du Canada
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