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UnE HIsTOIRE dU Canada
Par la suite, les propositions de durham ne cesseront de susciter la controverse. Ce gouverneur libéral est-il le prototype du racisme anglo-saxon au Canada ? Certains, dont de nombreux Canadiens français, soutiendront qu’il en va bien ainsi, tandis que d’autres, comme l’historien Fernand Ouellet verront essentiellement en durham un modernisateur libéral.
« […] ses conclusions furent beaucoup moins le résultat de considérations ethniques que l’expression de son libéralisme et de sa grande sympathie pour le rôle historique des classes moyennes, écrit-il. On peut croire qu’en bon libéral il eut tendance, parce qu’il retrouva chez les Canadiens français les institutions d’ancien régime qui fonctionnaient comme en France autrefois, à simplement reporter sur ces derniers le mépris qu’il éprouvait pour la France absolutiste et féodale45. »
Un autre chercheur qui a étudié cette période, s.J.r. noel, s’inscrira totalement en faux contre cette perception. selon lui, la compréhension qu’a durham du Canada, et du Bas-Canada en particulier, est « superficielle » et fondée sur « un manque d’information factuelle » strié d’un « épouvantable racisme ». en ce qui a trait à ses recommandations, elles sont « naïves »
et « ennuyeuses46 ». sans doute faut-il chercher la vérité entre ces deux opinions. durham adopte naturellement pour sa matière le point de vue d’un anglais libéral et progressiste, qui renferme sans doute une perception négative de la France et du despotisme français. Les opinions qu’il a des Canadiens français sont nettement moins sympathiques que celle de tocqueville quelques années auparavant, mais, en réalité, elles ne sont pas radicalement différentes. À l’encontre de tocqueville, durham occupe un poste qui lui permet de réagir à la situation ou, à tout le moins, d’obliger les législateurs à prendre ses critiques au sérieux.
il s’agit d’une ordonnance radicale et il n’y a pas grand-chose à faire pour y échapper. au Bas-Canada, il n’existe pas d’assemblée, tout juste un Conseil spécial formé de membres nommés. L’opinion canadienne-française est confuse et ses représentants sont démoralisés ; Papineau étant exilé en France, ses anciens lieutenants – ceux qui ne se sont pas trop compromis dans la rébellion – se disputent son héritage et son leadership. On trouve même une faction favorable à l’acceptation de l’ordonnance d’assimilation imposée par durham de manière à pouvoir continuer à vivre et atteindre la prospérité. Comprenant fort bien que sa propre province croulant sous les dettes se joindra à un Bas-Canada libre de dettes par comparaison, la Chambre d’assemblée du Haut-Canada vote avec enthousiasme en faveur de l’union.
il ne reste au gouvernement whig qu’à prendre les mesures nécessaires. il commence par nommer un nouveau gouverneur général, Charles Poulett thomson, un autre politicien whig ; celui-ci débarque à Québec en octobre 183947. Le gouvernement se tourne alors vers une 7 • TransformaTions eT relaTions, 1815–1840