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1900. Quant aux capitaux états-uniens, ils représentent 21 pour cent, une hausse par rapport à 14 pour cent.
La différence entre les dépenses britanniques et américaines ne réside pas seulement dans leur montant. Les investissements britanniques sont principalement dirigés vers des prêts – sous forme d’obligations – aux gouvernements ou à de grandes entreprises comme la Grand Trunk Pacific ou la Canadian Northern. Ce sont des fonds britanniques qui servent à financer le nouveau réseau d’égouts de vancouver. et des fonds britanniques encore qui permettent de poser les voies qui amènent le Grand tronc par delà les rocheuses jusqu’à Prince rupert, dont la compagnie espère faire la solution de rechange au port de vancouver. Beaucoup de Canadiens investissent leur argent dans la Bank of British North America ou la Barclay’s Bank, qui appartiennent toutes deux à des Britanniques.
Ce que les Britanniques ne font essentiellement pas, c’est créer des succursales d’usines de fabrication, des filiales de sociétés étrangères permettant de franchir l’obstacle des tarifs douaniers de façon à produire des biens destinés au marché canadien. Leurs produits sont plus coûteux que les produits d’origine et on relève souvent un manque de variété en raison du manque de rentabilité pour les investisseurs étrangers de la fabrication de toutes les gammes de produits pour le petit marché canadien.
On ne peut cependant douter qu’en plus de produire leurs marchandises au Canada, ils créent des emplois.
Les succursales sont généralement américaines et leur création remonte, dans certains cas, au milieu du dix-neuvième siècle. il arrive que des américains viennent s’installer au Canada pour être proches de leurs investissements et qu’ils soient naturalisés avec leurs usines. C’est ainsi qu’une grande partie du commerce du bois d’œuvre passe de mains
« américaines » dans des mains « canadiennes », bien que les intérêts demeurent généralement les mêmes. Plus tard, on pourra dire la même chose d’une autre société, l’alcan ou Aluminium Company of Canada. On pense généralement que la Générale électrique du Canada est une filiale de la société américaine General Electric mais elle appartient en réalité à des intérêts canadiens jusque dans les années 1920. au fil du temps, dans certains secteurs industriels, des investisseurs américains rachètent les parts de Canadiens qui étaient au départ leurs associés. C’est le cas des nouveaux fabricants d’automobiles comme Ford et General Motors, qui ont leurs usines dans le sud de l’Ontario, à proximité des compagnies mères situées à detroit, de l’autre côté de la frontière.
Le gouvernement canadien réalise aussi des emprunts pour financer ses aventures ferroviaires, mais ses recettes ordinaires proviennent des taxes et impôts, dont les tarifs douaniers constituent la part la plus importante. Par 238
UnE HIsTOIRE dU Canada
l’entremise de son ministre des Finances, W.s. Fielding, le gouvernement Laurier fait preuve d’un grand esprit d’innovation en matière de tarifs.
tout d’abord, pressé de tendre la main à l’empire britannique, Laurier établit un tarif plus bas (« préférentiel ») sur les marchandises britanniques.
sur le coup, les Britanniques ne rendent pas la pareille mais le Canada maintiendra sa position pendant presque un siècle ; on peut dire que cette faveur survivra à l’empire lui-même. il y a donc trois niveaux de tarifs douaniers canadiens : les tarifs préférentiels britanniques, qui sont les plus bas : ceux de la « nation la plus favorisée », pour les pays avec lesquels le Canada a signé des traités commerciaux et, donc, fait des concessions sur les droits ; et finalement les tarifs « généraux », qui sont les plus élevés.
Fielding établit aussi des droits punitifs particuliers pour combattre le « dumping » ou la vente de marchandises au Canada à un prix inférieur à celui qui est pratiqué dans le pays d’origine. On considère le « dumping »
comme une pratique abusive, visant à éliminer la concurrence en acculant les fabricants locaux à la faillite. Une fois la concurrence éliminée, l’importateur peut alors augmenter ses prix de façon exorbitante puisqu’il exerce un monopole sur le marché. La loi anti-dumping de Fielding permet de se servir des droits pour hausser le prix des importations jusqu’à un niveau « équitable », assurant ainsi à l’industrie locale une protection contre la concurrence « inéquitable » (pratiquant des prix très bas). Comme le fait remarquer l’historien des politiques commerciales canadiennes Michael Hart, il s’agit là d’une pure invention canadienne qui ne tarde pas à s’étendre aux pratiques commerciales internationales, étant rapidement et universellement adoptée12. Les négociateurs commerciaux, y compris les Canadiens, cherchent encore à s’en débarrasser de nos jours.
en dépit des combines gouvernementales, la situation économique demeure en général favorable. La dépression du début des années 1890 finit par passer et la brève panique des marchés boursiers en 1907 ne constitue qu’un léger contretemps. Ce n’est qu’en 1913 que le ciel s’assombrit de nouveau avec une grave récession ou dépression. On pourra dès lors compter sur les nombreux chômeurs des années 1913-1914 pour accomplir un autre genre de travail.
L’ORGAniSATiOn DE LA RéFORmE
Les changements spectaculaires dans l’économie, et la croissance et la dispersion de la population créent des tensions dans les structures sociales en place et relâchent les convenances et autres attentes qui constituent le ciment du Canada. dans sa gestion du changement, le gouvernement 10 • explosion eT marasme, 1896–1914