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UnE HIsTOIRE dU Canada
Pearson, un diplomate d’expérience, met tout son talent à se concilier les bonnes grâces du Québec, laissant les affaires internationales à Paul Martin, un politicien libéral chevronné de l’Ontario. Le Parti libéral est fort au Québec, où il est le parti de l’élite, et Pearson réussit à recruter de nombreux politiciens talentueux pour son caucus et son cabinet.
Cependant, Pearson s’aperçoit de plus en plus qu’il ne peut plus compter sur l’appui du Parti libéral provincial, qui se sépare officiellement de son cousin fédéral. Certains libéraux provinciaux appuient le parti fédéral, tandis que d’autres gardent prétentieusement leurs distances. s’ils se rapprochent trop d’Ottawa, comment pourront-ils sauvegarder les intérêts du Québec ?
en effet, comment Ottawa, un gouvernement anglophone, peut-il être un bon représentant des intérêts du Québec ? de l’avis de Paul Gérin-Lajoie et des hauts fonctionnaires, c’est impossible. C’est à titre de ministre et d’expert constitutionnel que Gérin-Lajoie fait observer à un groupe du corps consulaire de Montréal que le Québec devrait s’autoreprésenter dans les secteurs de compétence provinciale9.
Le gouvernement fédéral rejette vivement la revendication de Gérin-Lajoie. en tant que ministre des affaires étrangères, Paul Martin diffuse un communiqué soutenant que la souveraineté du pays est indivisible et que le Canada ne doit s’exprimer à l’étranger que par la voix d’Ottawa.
il est un fait qu’Ottawa doit négocier avec les provinces, à l’intérieur ou à l’extérieur de sa compétence en matière de politique étrangère. Le résultat peut être confus et parfois incohérent mais dans l’ensemble, cela fonctionne, ce qui permet au Canada d’être représenté à l’UnesCO ou de prendre des engagements relatifs aux droits de la personne10.
Le gouvernement Pearson fait en sorte que le gouvernement du Québec ne puisse semer la discorde. il est important que la province ne puisse créer de précédent en concluant une entente ou un traité avec un gouvernement étranger, reconnaissant par le fait même la doctrine que prône Gérin-Lajoie quant à un partage des compétences en matière de politique étrangère. La France, qui est le seul gouvernement étranger susceptible de le faire, a différentes idées sur le sujet. Le président français, Charles de Gaulle, en vient à la conclusion que l’indépendance du Québec est autant souhaitable qu’inévitable. ses diplomates, à l’exception de quelques-uns, ne partagent pas son opinion, pas plus que son ministre des affaires étrangères.
Par conséquent, en 1965, la France et le Canada concluent un accord-cadre autorisant les ententes entre les provinces canadiennes et la France sur les questions culturelles mais reconnaissant également l’unité souveraine du Canada en matière d’affaires étrangères.
en fait, le Québec ne tient pas du tout à être traité comme les autres provinces et, de plus en plus, la classe politique et intellectuelle du 15 • deux naTionalismes