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l’isolement pendant la guerre d’afrique du sud et l’impopularité de la Grande-Bretagne sur le continent européen fait peine à voir. À la conférence coloniale, Laurier résiste de nouveau aux flatteries de Chamberlain à propos de l’unité impériale, sous quelque forme qu’elles soient présentées ; mais même s’il ne l’avait pas fait, il n’y a aucun motif de croire que le gouvernement britannique lui-même aurait accepté de grandes réformes dans la constitution de l’empire. Pour l’essentiel, les choses ne bougent pas, quoique Chamberlain ne soit plus chef du gouvernement à ce moment. en 1903, il se retire du cabinet britannique en raison de la « réforme tarifaire », c’est-à-dire, de la reconstruction d’une barrière tarifaire britannique en guise de protection de l’économie britannique contre la concurrence étrangère. Le départ de Chamberlain entraîne le report de la réforme tarifaire de l’empire d’une génération ; quand la question reviendra sur le tapis en 1931, ce sera dans des circonstances bien différentes.
Le mécontentement à l’endroit de l’empire a d’autres motifs. Le traité de Washington a laissé un goût amer mais, après tout, il n’a pas représenté une catastrophe pour le Canada. dans les années qui ont suivi, les relations anglo-américaines étaient bonnes en général, quoique ponctuées d’éruptions occasionnelles à Washington. Ces éruptions sont le signe d’un problème plus vaste. Comme le dit Oscar Wilde, les états-Unis et la Grande-Bretagne sont séparés par une langue commune, c’est-
à-dire qu’ils peuvent exprimer leurs désaccords et être compris. il reste la culture et l’histoire. il y a aussi la race, un élément essentiel dans des années 1890 marquées par la conscience raciale. Les vieilles habitudes et les vieux comportements hérités des îles Britanniques et remontant bien avant la révolution américaine persistent33.
Le gouvernement britannique est vaguement conscient du fait que, si les états-Unis ne sont pas précisément amicaux, ils ne sont à tout le moins nullement hostiles. La Grande-Bretagne se retrouvant isolée en europe et l’équilibre des pouvoirs étant incertain, les Britanniques prennent raisonnablement le parti de la prudence dans leurs relations avec les états-Unis34. il n’y a pas de conflit important entre les intérêts britanniques et américains et les Britanniques s’empressent d’éliminer tous les irritants qu’ils peuvent trouver35. Les Britanniques ne sont donc pas du tout contents de voir Laurier créer un nouvel irritant le long de la frontière de la péninsule de l’alaska.
Cette frontière a été établie en vertu d’un traité signé entre la Grande-Bretagne et l’empire russe, à qui appartenait l’alaska, en 1825.
La russie avait alors concédé l’intérieur du territoire à la Grande-Bretagne tout en conservant les côtes pour elle-même. Quand la russie vend l’alaska aux états-Unis, la frontière ne bouge pas et il n’y a aucune motivation à la changer jusqu’à la ruée vers l’or du Klondike. À ce moment, l’intérêt s’accroît.