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UnE HIsTOIRE dU Canada
du Manitoba. Winnipeg, la nouvelle capitale de la nouvelle province, est reliée aux Grands Lacs à l’est et à la frontière américaine au sud. il y a également un court tronçon de voies ferrées à l’est du terminus choisi par Fleming, à Burrard inlet, sur le Pacifique, la future vancouver. entre les deux, et du centre de l’Ontario jusqu’à fort William, il n’y a rien.
Les libéraux, eux aussi, organisent l’Ouest, au-delà de la province du Manitoba, sorte de timbre poste, en territoires du nord-Ouest, avec une capitale d’abord située à Battleford, puis, plus tard, après 1882, à regina.
La gestion de toutes les affaires importantes, surtout les territoires, la colonisation et les ressources naturelles, s’effectue depuis Ottawa. Comme dans l’est, la terre est offerte gratuitement à ceux qui peuvent se permettre de s’y établir, puis de la cultiver. Mais les colons sont rares, cinquante-six mille seulement peuplent les territoires au moment du recensement de 1881.
en 1878, les libéraux abandonnent le pouvoir à sir John a. Macdonald et à ses conservateurs. Ceux-ci en reviennent à la philosophie de la construction par une entreprise privée – fortement subventionnée, ça ne fait aucun doute. Le chemin de fer doit être perçu comme canadien et l’aide gouvernementale se justifie par des appels au sentiment national. La ligne est intégralement construite au Canada, en traversant les vastes terres arides du Bouclier canadien dans le nord de l’Ontario. Un consortium de capitalistes montréalais, dirigé par George stephen et donald smith, entreprend de rassembler les fonds nécessaires et, sous la direction d’un ingénieur américain, William van Horne, le chemin de fer commence à avancer. se fondant sur le modèle américain, le gouvernement fournit des stimulants – cinq millions d’acres (2,02 millions d’hectares) de terre, 25 millions $ en subventions, toute la partie existante du chemin de fer construite par le gouvernement (évaluée à 38 millions $) et un monopole sur les lignes ferroviaires du sud vers les états-Unis. Les colons des Prairies feront affaire avec le CP et personne d’autre.
aussi généreuse qu’elle soit, l’aide gouvernementale est insuffisante.
Le consortium va chercher des investissements partout où il peut en trouver, en Grande-Bretagne, mais aussi aux états-Unis, fait dont ni le gouvernement ni la propagande de la société ne se vante. La main-d’œuvre employée pour le tronçon le plus à l’ouest est importée, en grande partie du centre du Canada, en partie d’europe et en grande partie aussi – on estime le nombre de travailleurs à quinze mille – de Chine. au début de 1885, il ne reste que quelques tronçons à construire entre les rocheuses et le nord de l’Ontario.
9 • expansion eT désillusion, 1867–1896