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donc le consentement unanime et doit être adopté par le Parlement fédéral et l’assemblée législative de chacune des provinces. il doit être adopté dans les trois ans suivant la première ratification par une province et c’est le Québec qui est le premier à le ratifier, le 23 juin 1987.
Comme on a trois ans devant soi, le tic-tac de l’horloge constitutionnelle passe d’abord inaperçu. Pourtant seuls les gouvernements en place en juin 1987 ont accepté d’adopter l’accord du lac Meech.
Le premier de ces gouvernements tombe en octobre 1987 lorsque les progressistes-conservateurs du nouveau-Brunswick sont balayés lors du scrutin (au sens littéral du terme puisque le premier ministre et tous les membres de son parti sont défaits par l’opposition libérale). Le nouveau premier ministre, Frank McKenna, n’est pas en faveur de l’accord, bien que, comme le démontrera la suite des choses, il n’y est pas non plus carrément opposé. Le gouvernement du Manitoba déclenche à son tour des élections et est remplacé par une assemblée tripartite de minorités, un des partis, les libéraux, prêtant l’oreille à Pierre trudeau et transpirant la méfiance. Comme celui du nouveau-Brunswick, le gouvernement du Manitoba reporte la question à plus tard.
L’une après l’autre, les autres provinces s’alignent et ratifient l’accord. il semble que le Manitoba et le nouveau-Brunswick finiront par suivre le mouvement mais, en avril 1989, survient un événement très différent. Le gouvernement progressiste-conservateur de terre-neuve subit la défaite aux élections aux mains des libéraux, dirigés par Clyde Wells.
Ce dernier est avocat de droit constitutionnel et un partisan sans réserve du pouvoir fédéral ; selon lui, l’accord du lac Meech va non seulement réduire la capacité d’action du gouvernement fédéral dans des dossiers importants pour sa province mais aussi l’influence de terre-neuve sur la scène nationale. il fait la promesse d’annuler la ratification de l’accord par terre-neuve et il tiendra parole. Le 5 avril 1990, l’assemblée législative de terre-neuve annule sa ratification antérieure de l’accord21.
désormais, trois provinces n’ont pas ratifié l’accord. À mesure que la pression monte, Mulroney semble insouciant. La pression lui va bien, surtout celle qu’il met sur les autres. On commence à percevoir des signes que le rejet de l’accord reviendrait à insulter le Québec, à abandonner les fédéralistes québécois et à mettre en péril l’avenir du pays. seul l’accord du lac Meech rendrait légitime la constitution aux yeux du Québec, un argument maintes fois répété dans cette province par Mulroney, Bourassa et leurs partisans. À mesure qu’approche le 23 juin 1990, date limite fixée pour la ratification de l’accord, l’opinion publique, alimentée par des médias en effervescence, s’inquiète22.