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Des temps bénis,

1945–1963

L’ère atomique : le puits principal de la mine d’uranium de Port radium sur le Grand lac de l’Ours, milieu des années 1950.

 

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En 1945, la populaTion canadienne est plutôt craintive. Les motifs en sont nombreux : les alliés ont mis un terme à la guerre en lâchant une bombe atomique sur le Japon, transformant du même coup l’univers des armes et créant un nouveau type de danger si cette arme extraordinaire venait à tomber entre mauvaises mains. La vision du monde des Canadiens est essentiellement nationale. On a fait la guerre, on l’a gagnée et elle est terminée. La vie continue mais elle n’est plus tout à fait la même. Le passé jette une ombre sur le présent ; il a été caractérisé par la déception économique : les espoirs déçus et la société en panne pendant la Crise. Le passé, c’est aussi le triomphe de l’organisation pendant la guerre ; c’est le passé récent du plein-emploi et de la prospérité. Lequel de ces passés finira par se concrétiser ?

au cours de l’été 1945, chargé de nervosité, une majorité relative de Canadiens vote en faveur du passé récent, de Mackenzie King et des libéraux. Le Parti libéral remporte même un majorité relative des scrutins des militaires, en dépit de la répugnance très médiatisée de King à envoyer des conscrits outre-mer pendant les derniers stades de la guerre1. Les Canadiens n’ont pas choisi le Parti conservateur rebaptisé – depuis 1942, alors qu’il était dirigé par l’ex-premier ministre John Bracken, du Manitoba, on parle du Parti progressiste-conservateur. ils n’ont pas non plus opté pour l’expérience du socialisme et le parti CCF. essentiellement, ils ont laissé le CCF dans son bastion de la saskatchewan, où ce dernier a remporté les élections de 1944. Le CCF bénéficie encore d’appuis suffisants en nouvelle-

écosse, au Manitoba, en Ontario et en Colombie-Britannique pour être considéré comme un parti national.

Le Canada est un pays à la fois complexe, vaste et peut-être divisé.

dans la double tornade économique et politique de la Crise et de la guerre, son régime fédéral a plié sans toutefois rompre. Le gouvernement fédéral, et lui seul ou presque, disposait des ressources financières pour y résister.

Pendant la Crise, les hommes politiques régionaux, et en général leurs homologues provinciaux, ont connu la grandeur et la décadence, mais, vu l’appauvrissement des trésors provinciaux, ils devaient se contenter de déclencher des coups de tonnerre verbaux vers un gouvernement fédéral sourd à leurs réclamations.

La structure de la société canadienne, avec sa majorité anglaise et sa minorité française, vient compliquer la politique canadienne. Pourtant, pendant les années 1930, Canadiens anglais et français se sont signalés par le côté conservateur de leurs attitudes envers la société et le gouvernement.

Les impôts étaient bas, comme l’était le niveau des services gouvernementaux qu’ils servaient à financer. Une libre-entreprise presque sans entrave aucune 335

 

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dominait le paysage, à la grande surprise des américains de passage, qui racontaient chez eux que le Canada était vraiment un pays conservateur sinon retardé par rapport aux états-Unis. au Québec, province catholique et francophone, c’est l’église qui gérait la plupart des services sociaux.

Même au sein de la population anglaise, en majorité protestante, les églises jouaient un rôle important, sinon décisif, dans l’organisation de la société.

après tout, les Canadiens fréquentent assidûment leurs églises et le Canada est un pays chrétien : les opinions et les actes du clergé ont beaucoup de poids. Ceux qui s’éloignaient, sur le plan intellectuel, social ou même sexuel, des pratiques suivies par la majorité, le faisaient seuls ou sans faire de bruit à l’abri de l’anonymat des grandes villes.

L’image que le Canada avait de lui-même était celle d’un pays brut, rural et sous-développé. La réalité était urbaine et industrielle.

traditionnellement, les Canadiens accusaient du retard sur des pays comparables sur les plans de la productivité et du niveau de vie, sur les états-Unis, le pays le plus riche au monde, certes, mais aussi, dans les années 1920, sur la Grande-Bretagne, l’australie et même l’argentine.

Ce n’est plus le cas en 1945. Le Canada s’est bien tiré d’affaire pendant la guerre. en 1944, le PiB par habitant finit par dépasser celui de la riche australie, une première en 150 ans2. (il accuse énormément de retard sur les états-Unis, puisqu’il se situe aux alentours de 60 pour cent du PiB de ces derniers.) Presque totalement à l’abri des attaques ennemies, les Canadiens élargissent leurs vieux secteurs industriels et en développent de nouveaux. Le gouvernement fédéral fait l’expérience de nouvelles formes de fédéralisme, s’appropriant la plupart des recettes fiscales du pays pour les besoins inassouvissables de la guerre. Profitant d’impôts très élevés, le gouvernement paye le maximum et emprunte les fonds qui lui manquent ; sur le plan du sacrifice collectif, l’effort de guerre du Canada pourrait soutenir la comparaison avec celui de la Grande-Bretagne et est sans doute plus intense que celui des états-Unis, en proportion de la population des deux pays.

On peut en observer le prix dans des véhicules crasseux, des vêtements effilochés et des logements délabrés. si la situation de beaucoup de gens s’est améliorée en 1945 par rapport aux années 1930, les gens préfèrent reporter leurs espoirs sur l’avenir plutôt que de se lancer dans la consommation immédiate. (Le gouvernement veille à ce qu’il soit plus facile d’épargner que de dépenser et met sa politique en œuvre grâce à des contrôles rigides et remarquablement efficaces3.) Les effets de la guerre sont également perceptibles dans le slogan « vive Pétain » peint sur les falaises de Québec pour saluer les soldats de retour chez eux au moment où ils débarquent4.

 

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Le gouvernement est prêt : on renonce au rationnement de l’essence, ce qui permet aux Canadiens de se lancer sur les routes avec leurs automobiles, quand ils en ont une. On abandonne les régimes d’épargne du temps de guerre et d’autres restrictions. Les stimulants fiscaux du gouvernement encouragent les fabricants à convertir leurs usines pour produire des biens civils, le secteur de l’automobile étant le tout premier à prendre des mesures en ce sens. disposant d’argent, les Canadiens veulent s’adonner à la consommation. Les ventes d’automobiles rebondissent : on vend 78 000 nouvelles voitures en 1946 et 159 000 en 1947. Les statisticiens sont ébahis, non pas tant par le volume des ventes d’automobiles que par le fait que « de grandes quantités d’argent dans les mains du public permettent d’acheter ce genre de biens sur le champ » sans bénéficier de prêts5.

C’est un fait nouveau et il y en a d’autres. dans les années 1930, le chômage n’était que trop fréquent ; il faisait partie de la normalité. Les économistes craignaient le pire, imités en cela par les hommes politiques.

Un gouvernement prompt à l’action a mis un terme au chômage grâce à des mesures de planification et des dépenses ; il s’ensuit que le gouvernement doit désormais planifier l’économie pour assurer le « plein-emploi » pour reprendre l’expression favorite de la campagne électorale de 1945. en avril, le gouvernement libéral publie un livre blanc établissant une politique de plein-emploi ou presque6. Ce livre blanc atteint son but premier : permettre la réélection du gouvernement. de plus, miracle parmi les miracles, le plein-emploi se concrétise. Le gouvernement et ses amis attribuent le tout à une bonne planification et, vu l’époque bénie qu’ils connaissent, en oublient que de la planification, il n’y en a que peu ou prou7.

La guerre prend fin et l’emploi ne chute pas ou très peu. Un nouvel état normal des choses s’impose. Les Canadiens se marient. Les nouvelles familles achètent réfrigérateurs, cuisinières et vêtements. elles veulent s’acheter des maisons mais il faut du temps pour organiser l’approvisionnement de ce type de bien. Les anciens combattants investissent dans l’éducation, universitaire pour certains, la formation professionnelle pour d’autres. Le gouvernement en paie les frais par l’entremise d’un généreux programme d’avantages.

Ce que les anciens combattants refusent de reporter à plus tard, c’est le mariage et la fondation d’une famille. Les années 1930 ont été moroses sur le plan des mariages. Les perspectives économiques de la plupart des gens variant d’incertaines à sombres, on reportait les mariages à plus tard.

Les gens se sont mariés plus tard, ce qui a entraîné une chute du taux de natalité. avec la guerre, les choses ont changé. Hommes et femmes se sont engagés dans les forces armées mais, vu les présupposés de l’époque et les rôles attribués aux sexes, les hommes ont été beaucoup plus nombreux à le faire. Les femmes ont été confrontées à la tâche de remplacer les hommes 338

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à leurs emplois civils, ce que beaucoup ont fait. La difficulté était variable : depuis le « service » de guerre obligatoire pour les étudiantes universitaires (à l’Université de toronto, on avait une préférence pour le tricot), jusqu’à la conduite de camions pour la Croix-rouge en passant par toutes sortes d’autres fonctions8. en 1944, les femmes représentent 30 pour cent de la main-d’œuvre non agricole, un taux de participation globale de 33 pour cent. il y a enfin une ultime difficulté, l’attente de voir les femmes comblant les postes des soldats les abandonner dans l’ordre et le sourire aux lèvres à la fin de la guerre. Certaines le font ; d’autres non.

en réaction aux perturbations, jeunes gens et jeunes femmes sont en quête de sécurité, qu’ils trouvent dans une vision de la famille9. Mariages organisés à la hâte, départ des maris pour la guerre et engagement des femmes dans les activités liées à la guerre ôtent souvent tout caractère romantique à ce genre d’expérience. néanmoins, pendant toute la guerre, le nombre de mariages augmente, tant au Canada qu’outre-mer au sein des troupes. (Cette dernière évolution ne bénéficie pas du soutien des pouvoirs publics mais, avec 500 000 jeunes hommes outre-mer et en garnison en Grande-Bretagne pendant le plus grande partie de la guerre, elle se produit néanmoins.) Quand ils rentrent d’europe, les soldats canadiens ramènent avec eux 43 000 épouses de guerre et 21 000 enfants (tout en laissant 30 000 enfants illégitimes derrière eux)10. ils rapportent aussi l’optimisme résultant de ces mariages11. ils ont aussi vécu l’expérience positive de la victoire et sont à même d’apprécier l’organisation qui a rendu tout cela possible. Leurs attentes sont élevées et ce sont ces attentes, bien plus que n’importe quel autre élément, qui vont tracer la voie pour les vingt prochaines années12.

LE baby boom

Les enfants représentent une des images les plus durables des années d’après-guerre. Plus de familles signifie plus d’enfants et, à mesure que la formation de familles augmente pendant les années de guerre, apparaît l’expression « baby boom »13. Plus nombreux, les enfants sont aussi en meilleure santé, grâce à la baisse du taux de mortalité infantile14

et à la découverte de « remèdes miracles » comme le vaccin salk, qui immunise contre la poliomyélite, jusqu’à cette époque le fléau annuel des étés canadiens15. davantage d’enfants, cela signifie davantage d’écoles, alors qu’un million d’élèves s’ajoutent à l’effectif des écoles primaires et secondaires entre 1945 et 1955 et 900 000 autres entre 1955 et 1960. Le gouvernement fédéral, qui distribue des « allocations familiales » après 1945, rend ces dernières conditionnelles à la fréquentation scolaire ; combiné aux 13 • des Temps Bénis, 1945–1963

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lois sur l’éducation obligatoire au Québec sous le gouvernement libéral de cette province en temps de guerre, cela vient gonfler le taux de natalité, source des inscriptions à l’école.

Ce sont surtout les femmes qui supportent le fardeau de l’éducation des enfants. dans les années 1940 et 1950, le plein-emploi signifie plein-emploi pour les hommes. Les modèles de travail tirent les hommes de chez eux pour les amener à l’usine ou au bureau de huit ou neuf heures du matin à dix-sept heures le soir. Pour la plupart, les femmes, surtout les femmes mariées, restent à la maison pour s’occuper des enfants ou des travaux domestiques. Certes le nombre d’inscriptions de femmes à l’université augmente mais, en proportion du total, ce nombre demeure très stable, aux alentours de 21 pour cent entre les années 1930 et 1950. au sein de la main-d’œuvre, la proportion de femmes augmente en fait légèrement entre 1941 et 1951 pour atteindre 22 pour cent. La main-d’œuvre féminine est concentrée dans des catégories comme l’enseignement (dans les écoles primaires et secondaires) ou la santé (les soins infirmiers)16. Presque tous les phénomènes culturels et tous les médias, des magazines destinés aux femmes aux bureaux de placement syndical, renforcent cette tendance : quand les femmes travaillent, elles occupent surtout des postes traditionnellement occupés par des femmes.

Une histoire du Canada
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