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L’avenir énergétique du Canada ? Un camion Caterpillar, le plus gros au monde, transporte quatre cents tonnes de sables bitumineux à Fort McMurray, en alberta.
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En décemBre 1999, le magazine Maclean’s publie un article intitulé « The Vanishing Border » (une frontière qui s’estompe). Le magazine a effectué un sondage sur les opinions qu’ont les Canadiens des américains et vice-versa, posant des questions sur la façon dont ils se perçoivent eux-mêmes et réciproquement. du côté américain, le portrait d’ensemble est positif. Les américains trouvent les Canadiens amicaux, quoique ternes. Le Canada est l’allié le plus sûr des états-Unis, délogeant ainsi la Grande-Bretagne.
du côté canadien, on relève une certaine confusion. Les Canadiens ont recours à toutes sortes d’adjectifs, la plupart du temps négatifs, pour qualifier les américains, mais énoncent ensuite l’avis que les différences s’estompent de plus en plus entre Canadiens et américains. dans l’ensemble, le quart des Canadiens environ se déclarent prêts à accepter la citoyenneté américaine, mais ce pourcentage augmente de façon notoire au Québec, où un tiers des répondants environ saisiraient l’occasion de devenir américains si l’occasion s’en présentait. Les Québécois sont également les plus ouverts à l’idée d’une union politique avec les états-Unis, à raison de 28 pour cent comparativement à 19 pour cent de l’ensemble des Canadiens1. Cet hiver-là, un sondage d’opinion réalisé pour le Pew research Center souligne que 71 pour cent des Canadiens ont une opinion favorable des états-Unis, ce qui est moins que dans le cas de la Grande-Bretagne et de quelques autres pays, mais davantage que pour la plupart des pays2.
en ce qui a trait aux relations canado-américaines, les choses s’équivalent. dans l’ensemble, le citoyens des deux pays se tiennent mutuellement pour acquis. arrivés à la dixième année de l’accord de libre-
échange avec les états-Unis (dont la menace, pour les Canadiens, semblait beaucoup plus grande que celle de l’aLena), les Canadiens sont un peu gênés par la présence de la frontière, qui les empêche de faire leur chemin dans la vie. Cette perception n’a rien pour plaire aux services douaniers canadiens, qui soulignent que si la frontière retarde la circulation des biens et des personnes, au moins contribue-t-elle à protéger le pays contre l’introduction d’armes à feu et permet-elle aux services d’immigration de filtrer les personnes peu recommandables. Cela a bien entendu aussi pour résultat d’assurer l’emploi de milliers d’agents des douanes et de l’immigration.
Les données du sondage de Maclean’s ne tiennent pas compte d’un événement survenu le 14 décembre, alors qu’un traversier assurant une liaison régulière en provenance de victoria, se met à quai à Port angeles, dans l’état du Washington. À bord se trouve un jeune homme appelé ahmed ressam, qui voyage avec un passeport canadien au nom de « Benn noris ». Comme « noris » semble nerveux, des agents des douanes fouillent 457
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UnE HIsTOIRE dU Canada
sa voiture ; ils l’arrêtent alors qu’il tente de prendre la fuite. sa voiture est remplie d’explosifs ; sa destination était l’aéroport international de Los angeles, qu’il se proposait de faire sauter à l’heure du passage au nouveau millénaire, le 31 décembre 1999 à minuit.
dans le contexte des relations canado-américaines, l’arrestation de ressam constitue un élément nouveau et important. Pour les états-Unis, le Canada représente ou pourrait représenter une source d’insécurité. Comme les états-Unis, le Canada accueille chaque année des immigrants par centaines de milliers. Cette année-là, en 1999, plus de 189 000 immigrants déclarés sont venus s’installer au Canada ; la plupart des années, ils sont plus de 200 000. en 1999, quelque 12,8 pour cent des immigrants sont considérés comme des « réfugiés » revendiquant le droit de demeurer au Canada par crainte d’être persécutés dans leur pays d’origine ou de citoyenneté3.
d’origine algérienne, ressam prétend être réfugié quoiqu’il soit manifeste que ses activités au Canada après son arrivée en font un hors-la-loi4. Comme c’est souvent le cas en raison de manques de fonds et de soutien, cependant, les services d’immigration ne peuvent suivre la trace des immigrants, légaux et illégaux, à l’intérieur du pays. ressam, par exemple, était sous mandat d’arrêt. il s’est même rendu en afghanistan suivre la formation théorique et pratique du jihad, la guerre sainte, avant de rentrer au Canada avec pour mission une attaque contre les états-Unis (et 12 000 dollars en poche). La police n’a toutefois pas été en mesure de le retrouver.
ressam subit un long interrogatoire des autorités américaines pendant que la police canadienne enquête sur ses activités au Canada. il semble qu’il soit membre d’une mystérieuse organisation terroriste appelée al-Quaida, qui, quelques années plus tôt, a déclaré la guerre aux états-Unis.
Certains renseignements concernant ressam figurent dans un rapport remis au président George W. Bush en août 2001 intitulé « Bin Laden Determined to Strike in the U.S. » (Ben Laden déterminé à frapper aux états-Unis).