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UnE HIsTOIRE dU Canada
À Québec, comme à vancouver, Halifax et tous les endroits situés entre les deux, la population canadienne réserve un accueil enthousiaste au roi et à la reine. Peut-être pourrait-on croire que c’est là le contrepoint d’une décennie terne mais la signification de cet événement est beaucoup plus profonde. Les Canadiens la comprennent bien même ceux qui, comme le diplomate Lester B. Pearson, qui y voient, de manière sarcastique, une façon pour les Britanniques de recueillir des appuis au Canada en prévision de la guerre désormais inévitable. Une guerre qui finira par arriver deux mois et demi à peine après le départ du couple royal par bateau vers l’angleterre.
en 1914, les Canadiens ont pris le chemin de la guerre sans difficulté, presque par réflexe ; en 1939, ils le font après réflexion. ils ont franchi le cap des hésitations au fil de la chronique des événements misérables survenus au printemps et à l’été de 1939. si l’enthousiasme s’est tempéré, il y a aussi le sentiment qu’il n’y a pas d’autre issue possible. au reste d’impérialisme d’une bonne partie de la population canadienne, Mackenzie King adjoint une cause acceptable pour les anti-impérialistes (parmi lesquels on trouve la plupart des Canadiens français).
sur la question de la guerre et de la paix, le partenariat entre Lapointe et King fonctionne à merveille. dès le début de l’année 1939, ils paraissent en être arrivés à la conclusion que la guerre est probable, de sorte que, en cours d’année, Lapointe a prononcé au Parlement un discours sur les raisons qui pousseront le peuple canadien à accepter l’idée d’une guerre, le cas échéant, tandis que King en a prononcé un autre dans lequel il a bien précisé qu’il barrerait la porte à toute aventure inutile ou futile.
C’est à la fin août qu’est donné le signe du caractère inéluctable de la guerre, quand l’allemagne nazie d’Hitler signe un pacte public de
« non-agression » avec l’Union soviétique communiste de staline. en réalité, ce traité ouvre toute grande la porte à l’agression allemande en plus de partager le butin avec les russes. Le gouvernement canadien convoque le Parlement, proclame la Loi sur les mesures de guerre et se prépare à lancer un appel aux volontaires pour les forces armées.
Le 1er septembre 1939, les allemands envahissent la Pologne ; le 3
septembre, la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l’allemagne ; et le 7 septembre, le Parlement canadien se réunit. Le gouvernement présente une résolution de déclaration de guerre à l’allemagne. adoptée en bonne et due forme en dépit d’une faible opposition, la première déclaration de guerre du Canada est signée par George vi le 10 septembre.
12 • mondes hosTiles, 1930–1945