429
Les années 1980 commencent par la nouvelle sensationnelle de la ré-
élection de trudeau en février 1980 et se poursuivent par des geignements, alors que l’économie sombre dans la pire récession depuis la deuxième Guerre mondiale. si l’on se souviendra de trudeau en raison de sa confrontation avec le Québec et de sa réforme de la Constitution canadienne, d’autres faits tout aussi troublants à l’époque sont la hausse du chômage et la flambée des taux d’intérêt.
Ce n’est ni trudeau ni son gouvernement qui provoque la récession.
L’économie canadienne suit celle des autres pays occidentaux et les politiques économiques canadiennes ressemblent à celles de pays plus grands, en particulier celles des états-Unis. souffrant des mêmes maux, les Canadiens essaient les mêmes remèdes. Le PnB du Canada chute entre 1981 et 1982, suivi, bien sûr, du revenu par habitant, qui ne remonte aux niveaux de 1980 qu’en 1984. Presque tous les pays du monde occidental connaissent un repli économique et dans certains, comme la France et l’allemagne, le taux de chômage atteint un niveau permanent et élevé. Les gouvernements contribuent à cette évolution de la situation en haussant leurs taux d’intérêt jusqu’au point où il n’est plus possible d’extirper l’inflation du système économique. et c’est bien ce qui se produit, à un coût considérable en fermetures d’usines, chute des ventes au détail et chômage1.
en campagne électorale, il est rare que la politique monétaire constitue un enjeu, de sorte que trudeau et ses ministres concentrent tout naturellement leur attention sur d’autres questions. Les prix du pétrole augmentent, en raison d’une révolution survenue en iran, et on croit qu’ils vont atteindre 60 dollars le baril. Pour le marché du pétrole à deux vitesses canadien, au sein duquel le prix du pétrole et du gaz naturel du pays est inférieur de plus de la moitié aux prix mondiaux, soit ceux auxquels on peut l’exporter aux états-Unis, cela pose un problème2. Mais ce qui constitue un problème représente aussi une occasion. déjà, le gouvernement fédéral est en déficit, en partie parce qu’il doit payer le prix de ce système à deux vitesses. Pourquoi, dès lors, ne profiterait-il pas de cette manne pétrolière, qui contribuerait à rembourser son déficit en matière de pétrole tout en saisissant l’occasion pour augmenter la participation canadienne dans ce secteur de l’industrie ?
et c’est ce que s’emploie à faire le gouvernement trudeau.
incapable de s’entendre avec l’alberta sur le prix du pétrole (comme le bref gouvernement progressiste-conservateur de Clark avant lui), il proclame le Programme énergétique national (Pen) dans le budget fédéral déposé en octobre 1980. Ottawa fixe lui-même le prix national, en prévision d’une hausse de 16,75 dollars le baril en 1980 à 66,75 dollars en 1990. Ce calcul 431