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soutenir cette analyse au dix-neuvième siècle et moins encore à mesure que le temps passera.
dans les deux pays, les institutions économiques évoluent au rythme de l’économie. La nouvelle économie technologique repose sur la notion de temps : livraison des marchandises à temps, transport des passagers en temps voulu. Pour les entreprises qui livrent des marchandises, transportent des passagers ou assemblent des produits finis, cela implique l’établissement de normes de rendement fiables et précises. avec leur structure hiérarchique, leurs multiples départements et leur vaste main-d’œuvre, les chemins de fer en sont le prototype. Cela prend de l’organisation pour entretenir la plateforme de la voie et veiller aux approvisionnements en eau pour les chaudières des locomotives et en charbon pour les foyers13.
suivent alors d’autres services publics, avec la même structure verticale venant d’en haut pour effectuer des tâches routinières de manière fiable et prévisible. dans les villes, les merceries et magasins généraux ou comptoirs de traite font place aux grands magasins : eaton’s et simpsons à toronto, Morgan’s et dupuis Frères à Montréal et, plus tard, la Compagnie de la baie d’Hudson et WoodWard’s à vancouver. au centre des grandes villes apparaissent d’immenses palais à plusieurs étages qui attirent l’œil et auxquels les clients peuvent se rendre en empruntant des tramways hippomobiles et, par la suite, électriques. Mais les progrès de la commercialisation ne se limitent pas aux grandes villes. À mesure que les chemins de fer assurent un approvisionnement et une livraison fiables aux clients, certains grands magasins établissent un service de vente par catalogue à partir de vastes entrepôts centralisés, s’en remettant au service postal pour assurer la livraison.
Grâce à l’électricité, de nombreuses grandes entreprises voient le jour, ce qui répond tout à fait à l’expansion des marchés. Usines de pâtes et papiers, de produits chimiques, de carrosseries, toutes sont en croissance à la fin du dix-neuvième siècle, jusqu’à un certain point. en 1910 encore, en moyenne, les usines ontariennes comptent moins de trente employés, ce qui est certainement plus que les ateliers de forgerons du milieu du siècle ou les modestes moulins à farine équipés d’une roue à eau qui parsèment encore les campagnes à la fin du siècle14. Mais, à l’exception des plus grandes villes, les « gestionnaires » sont soit des commis soit des contremaîtres, ce qui n’est guère favorable à l’éclosion soudaine d’une nouvelle classe, la classe intermédiaire. dans la plupart des municipalités canadiennes, l’élite locale se compose du clergé, d’un avocat ou deux, du médecin et du directeur de la banque locale (qui fait lui-même partie d’une hiérarchie plus vaste) ou, au Québec, du notaire qui, souvent, combine (ou mélange) le droit et les services bancaires.