352
UnE HIsTOIRE dU Canada
dans les années 1950, le cœur de la politique étrangère canadienne réside dans la résistance face au danger immédiat que représente l’Union soviétique, bien que les attitudes canadiennes à propos du communisme comprennent une forte affinité envers les droits de l’homme dans les pays de l’europe de l’est, fortement mis à mal par l’hégémonie soviétique et la dictature communiste. À cette fin, les Canadiens accordent tout leur soutien à l’Otan et à l’alliance américaine et résistent aux situations susceptibles de déstabiliser la solidarité occidentale. Pearson et saint-Laurent défendent de toutes leurs forces devant des indiens sceptiques et neutres les bonnes intentions des états-Unis, même si cela signifie que les américains arment le voisin de l’inde, le Pakistan, dans l’intérêt de l’anti-communisme26.
La solidarité canadienne envers l’alliance occidentale se maintient même après le début de la détente dans les relations avec les soviétiques avec la mort de staline en mars 1953 et la fin de la guerre de Corée peu après.
Bénéficiant en cela du soutien d’un service diplomatique d’une compétence remarquable, saint-Laurent et Pearson s’en tiennent fermement à leur approche orthodoxe de la guerre froide. Pour Pearson, toutefois, il n’est pas évident qu’en matière de politique soviétique, l’expression « gel actuel »
signifie « gel continuel ».
C’est à l’automne 1956, alors que surviennent deux crises simultanées, que saint-Laurent et Pearson donnent l’exemple par excellence de leur diplomatie. La plus grave, à tout le moins celle qui sera la plus longue, est un conflit entre la Grande-Bretagne et la France, d’une part, et l’égypte, de l’autre, à propos de la propriété et de la gestion du canal de suez. La deuxième est l’invasion, en novembre, de son satellite hongrois par l’Union soviétique afin d’y mâter une rébellion contre le régime communiste.
reliant la Grande-Bretagne et l’asie par une voie maritime qui appartient à des investisseurs britanniques et français et protégé par des soldats britanniques, le canal de suez est propriété impériale depuis soixante-quinze ans. Pourtant, il a déjà appartenu à l’égypte et il traverse un territoire égyptien peuplé d’égyptiens. C’est cela qui a justifié la présence d’une garnison britannique, avec pour mission de défendre le canal et de se défendre elle-même contre les guérilleros locaux. en 1956, cependant, la garnison, plus utile ailleurs et coûteuse à entretenir, se retire ; le gouvernement égyptien de Gamal abdel nasser assume dès lors la défense du canal, tout en promettant qu’il permettra aux Britanniques de revenir en cas de problèmes.
en juillet 1956, à la suite du refus britannique et américain de financer un important aménagement, nasser nationalise le canal de suez.
il promet de rembourser les investisseurs et de maintenir pour le reste la voie maritime dans son état actuel. La Grande-Bretagne et la France, plus 13 • des Temps Bénis, 1945–1963