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UnE HIsTOIRE dU Canada
pour le sud et l’Ouest1. il arrive bien des immigrants pour les remplacer et profiter des occasions moins nombreuses offertes au Canada mais pas suffisamment.
Le départ d’un aussi grand nombre de Canadiens masque une autre tendance démographique : l’espérance de vie des Canadiens est plus longue, surtout dans les régions urbaines, ce qui est le reflet des progrès de la médecine mais aussi d’un meilleur niveau de vie. Proportionnellement, les femmes sont plus nombreuses à la fin du siècle qu’au début, surtout en raison de la mise en place de pratiques d’accouchement plus sécuritaires.
La hausse du niveau de vie attire les agriculteurs vers les municipalités urbaines ou vers les quelques grandes villes canadiennes.
si le Canada est sous-peuplé, le nombre d’émigrants dépassant celui des immigrants, il est aussi divisé. Les divisions sont raciales, entre autochtones, ou semi-autochtones comme les Métis, et la majorité blanche ; linguistiques, encore une fois entre autochtones et Blancs mais aussi entre anglais et Français ; religieuses, entre catholiques et protestants et entre les diverses sectes protestantes ; et enfin constitutionnelles, entre les paliers de gouvernement au sein du régime fédéral du Canada, ce qui signifie entre le dominion et les provinces.
il y a toutefois aussi des ferments d’unité. L’identité britannique du Canada suscite l’enthousiasme à divers degrés, mais très rares sont ceux qui se répandent en injures contre l’empire et tout ce qu’il représente.
il y a la politique, en particulier le régime des partis, structuré sur une base pancanadienne. La loyauté partisane englobe certaines différences religieuses, régionales et linguistiques. il y a aussi l’avantage économique, à mesure que les intérêts locaux découvrent que, parfois, le profit ne connaît pas de frontières. il y a de grandes entreprises, surtout des chemins de fer, mais aussi des banques, fabricants et détaillants, qui emploient des milliers de personnes d’un océan à l’autre au sein de sociétés commerciales hiérarchisées. il y a la technologie, qui relie l’est et l’ouest du Canada grâce au chemin de fer et au télégraphe puis, dans le années 1880 et après, au téléphone et à l’électricité.
enfin, il y a le gouvernement, en expansion à la fin du dix-neuvième siècle. il lui arrive d’agir par l’entremise d’agents, par exemple, les banquiers gouvernementaux, la Banque de Montréal, ou les diverses sociétés ferroviaires, dont le gouvernement est à la fois client et organisme subventionnaire. Parfois, les gouvernements se trouvent en concurrence en raison des intérêts qu’ils représentent ou cherchent à monopoliser les gratifications et autres concessions.
À la tête du gouvernement se trouvent des hommes politiques, dont le plus populaire, sir John a. Macdonald, devient premier ministre 9 • expansion eT désillusion, 1867–1896