LA

new York

Montréal

Fort Oswego

Fort niagara

Fort Presqu’île

Fort duquesne

Fort Frontenac

Fort

detroit

 

4 • les guerres pour la conquêTe de l’amérique (1) 77

trahis par le général français, venu se mêler de leurs coutumes guerrières.

Beaucoup ne se battront plus aux côtés des Français ; il s’agit là d’une perte grave pour l’armée française dans cette guerre. il ne fait aucun doute que Montcalm finit pas avoir en horreur ses alliés amérindiens, sans parler du manque de discipline de la milice coloniale, et les événements survenus au fort William Henry marquent un tournant dans la désintégration de la puissance militaire coloniale française.

enfin, les Britanniques, tant ceux des colonies que de la mère-patrie, sont effarés par les récits de vols et de meurtres que les survivants du massacre – et ils sont nombreux – viennent rapporter. C’est aussi un tournant dans la perception que les Britanniques ont des amérindiens, qu’il leur arrive parfois de considérer comme des êtres romantiques, de « nobles sauvages », sans tache attribuable à la civilisation. après William Henry, certains durcissent leur opinion. Loin d’être une version améliorée de l’humanité, les amérindiens sont bien pires que les européens civilisés. tous ne sont pas unanimes sur ce point et c’est dans cette divergence d’opinion que naîtra la politique amérindienne des Britanniques19.

au terme de deux années sombres, en 1758, la chance tourne pour les Britanniques. Un gouvernement plus solide au pays, dirigé par William Pitt père, combiné à de meilleurs généraux et des finances plus saines, finit par se révéler payant. Pitt donne de généreuses subventions aux colonies pour les inciter à lui fournir une aide essentielle, en hommes et provisions, pour l’armée et la flotte qu’il a expédiées de l’autre côté de l’océan. La flotte britannique, la Marine royale, garde la marine française à quai dans les ports de France.

Montcalm et les autres dirigeants coloniaux devront s’en remettre à leurs propres ressources ou, à tout le moins, à ce que leur colonie est en mesure de leur donner. Malheureusement pour les Français, la récolte au Canada est mauvaise et les vivres commencent à manquer – et les prix à grimper, à la grande satisfaction de l’intendant, Bigot, et de ses petits copains. Le général Montcalm et le gouverneur vaudreuil ne s’entendent pas sur la stratégie et les tactiques à mettre en œuvre. Mais même leur querelle ne pourrait changer grand-chose à la situation d’ensemble, marquée par la prédominance britannique en mer. Les Britanniques sont en mesure de couper la plupart des liaisons entre la nouvelle-France et l’ancienne France, et ils ne s’en priveront pas.

Bénéficiant de l’hégémonie maritime, l’armée britannique parvient sans opposition devant Louisbourg en 1758. Une fois l’armée à terre, rien ne peut empêcher la victoire des Britanniques, qui surclassent les Français en nombre et en puissance de feu. Louisbourg se rend en juillet 1758. se souvenant du fort William Henry, le commandant britannique, le général Jeffrey amherst, refuse les honneurs habituels de la guerre aux Français.

 

78

UnE HIsTOIRE dU Canada

simultanément, les Britanniques connaissent aussi la victoire à l’intérieur des terres. Les membres d’une expédition s’emparent du fort Frontenac (aujourd’hui Kingston), sur le lac Ontario, tandis que d’autres prennent fort duquesne, dans le pays de l’Ohio. il n’y a que sur le lac Champlain que Montcalm a le haut du pavé, puisqu’il défait les Britanniques à Carillon (que les Britanniques appellent ticonderoga). Compte tenu des autres défaites françaises, les perspectives de la campagne à venir l’année suivante semblent toutefois très sombres pour Montcalm.

Montcalm s’attend à une attaque britannique sur la capitale nationale, Québec, et il n’a pas tort. en juin 1759, une flotte britannique amène une armée de huit mille cinq cents hommes sous les ordres du général James Wolfe. il peut paraître curieux que ce soit ce dernier qui ait été choisi : il n’a que trente-deux ans, est malade, manque de charme et ses gestes sont jalousement espionnés par ses subordonnées, plus âgés et plus expérimentés que lui. Mais Wolfe est ambitieux et a de bons contacts politiques, suffisamment bons pour se voir confier le commandement de l’expédition sur Québec.

Montcalm s’est préparé du mieux qu’il a pu, érigeant une longue ligne de fortifications le long de la rive nord du saint-Laurent. sur son promontoire, Québec est protégée par de hautes falaises et un détroit serré.

Quiconque voudrait s’en emparer devrait la contourner ou escalader les falaises.

il semble que Wolfe ne fera ni l’un ni l’autre. il bombarde Québec à l’aide de son artillerie et réduit une bonne partie de la ville en ruines sans toutefois entamer un tant soit peu les défenses de Montcalm. Wolfe donne alors l’ordre d’incendier et de ravager les fermes et les habitations en amont et en aval de la ville, un acte d’une sauvagerie notoire qui ne l’aide guère à défaire Montcalm dans l’immédiat (cela contribue peut-être à moyen terme à susciter un grand respect envers la puissance britannique ou, à tout le moins, à ce que les Britanniques sont prêts à en faire pour réagir aux provocations).

au début de septembre, il semble évident que Wolfe désespère de mener à bien sa mission. tout comme Montcalm d’ailleurs. dans une dernière tentative désespérée, Wolfe décide de profiter de l’obscurité pour faire débarquer ses troupes sur une rive peu protégée, de leur faire escalader les falaises en amont de Québec et d’affronter les Français dans les champs qui entourent les murs de la ville – les plaines d’abraham20.

il se peut fort bien que Wolfe cherche à connaître une mort héroïque pour racheter l’échec qu’il s’attend à essuyer. il finira par trouver une mort héroïque non entachée par l’échec – une victoire imprévue que lui offre la réaction inconsidérée et irrationnelle de son adversaire, Montcalm. Les 4 • les guerres pour la conquêTe de l’amérique (1) 79

descriptions de cette bataille se sont attardées à la pénible escalade des falaises jusqu’aux plaines d’abraham le matin du 13 septembre 1759. Le problème est qu’en cas de résistance sérieuse ou de victoire française, il est impossible de redescendre le long de ces falaises.

Les Français ne remporteront pas la victoire. Montcalm pourrait s’abriter derrières les remparts de Québec ; il pourrait attendre des renforts ou encercler l’armée de Wolfe. tous rassemblés, les Français seraient plus nombreux que les Britanniques et ils peuvent compter sur des officiers compétents pour les diriger dans une bataille bien rangée. Mais Montcalm n’attend pas. Faisant preuve d’un excès de confiance envers sa milice canadienne – de courageux combattants mais des gens mal organisés – il envoie ses troupes à l’assaut des lignes britanniques. La formation des soldats du dix-huitième siècle les prépare au moment où ils sont rangés en ligne et tirent, de façon calme et régulière, sur l’ennemi qui s’approche. Les Britanniques tirent ; les lignes françaises s’effondrent avant de se disperser.

Mortellement blessé, Montcalm est emporté à l’intérieur des remparts de la ville.

Québec se rend quelques jours plus tard. encore intact, le reste de l’armée française contourne la ville et marche vers Montréal, qui demeure entre les mains des Français. Pour les Britanniques, il reste à occuper une ville essentiellement en ruines, résultat de l’intervention de leur propre artillerie, avec de maigres approvisionnements pour survivre, en attendant la relève au printemps suivant, une perspective peu intéressante. Le reste des soldats et des navires britanniques repartent alors et Québec entame sa longue période d’isolement hivernal.

Le successeur de Montcalm, l’éminemment apte duc de Lévis, ramène l’armée française à Québec au printemps suivant. il inflige une remarquable défaite au successeur de Wolfe, le général James Murray, dont la réaction mal avisée consiste à déployer son armée en dehors des remparts de Québec. Calmé, Murray attend à l’intérieur des remparts dans l’espoir que le premier navire qui remontera le saint-Laurent battra pavillon britannique et non français. Ce sera le cas.

Les Français ont tout mis en œuvre pour atteindre le Canada et sortir leur flotte du blocus britannique. des amiraux britanniques vigilants et talentueux les en ont empêchés – en particulier l’amiral Hawke à la baie de Quiberon, sur la côte ouest de la France en novembre 1759. La victoire de Hawke a autant d’importance que celle de Wolfe, peut-être même davantage – mais Hawke a la chance de demeurer en vie et échappe ainsi à la combinaison de mort romantique et de triomphe militaire qui immortalisera Wolfe et la bataille des plaines d’abraham21.

 

80

UnE HIsTOIRE dU Canada

Le dernier épisode de la conquête du Canada se produit à l’été 1760.

sous le commandement général du général Jeffrey amherst, trois armées britanniques convergent vers Montréal – l’une provient du lac Ontario, l’autre descend le lac Champlain et la rivière richelieu et la troisième remonte le saint-Laurent. elles se rencontrent en face de Montréal en septembre 1760 – un exploit tout à fait remarquable sur le plan de l’organisation pour les armées du dix-huitième siècle. surclassé en nombre et en puissance de feu, Lévis cherche à négocier, ce qu’amherst fait de la même façon qu’à Louisbourg. Les Français ne recevront pas les honneurs de la guerre et ne pourront se retirer avec leurs drapeaux et leurs étendards en tirant un canon (symbolique). Lévis brûle ses drapeaux et les Français se rendent le 9 septembre 1760. Lévis et ses hommes seront ramenés par bateau en europe puis en France.

À l’époque, ce sont les conditions militaires de la reddition que l’on relève. Mais les conditions civiles sont plus importantes. elles prévoient le départ des principaux administrateurs civils et donnent ordre d’obédience au roi britannique à la population qui reste. Les lois et coutumes en place sont maintenues. Les habitants de la nouvelle-France se voient garantir leurs biens et l’exercice de la religion catholique romaine, bien que l’état britannique soit officiellement et résolument protestant. il est évident qu’il s’agit d’une entente provisoire jusqu’à la conclusion d’un traité de paix officiel.

Une histoire du Canada
titlepage.xhtml
index_split_000.html
index_split_001.html
index_split_002.html
index_split_003.html
index_split_004.html
index_split_005.html
index_split_006.html
index_split_007.html
index_split_008.html
index_split_009.html
index_split_010.html
index_split_011.html
index_split_012.html
index_split_013.html
index_split_014.html
index_split_015.html
index_split_016.html
index_split_017.html
index_split_018.html
index_split_019.html
index_split_020.html
index_split_021.html
index_split_022.html
index_split_023.html
index_split_024.html
index_split_025.html
index_split_026.html
index_split_027.html
index_split_028.html
index_split_029.html
index_split_030.html
index_split_031.html
index_split_032.html
index_split_033.html
index_split_034.html
index_split_035.html
index_split_036.html
index_split_037.html
index_split_038_split_000.html
index_split_038_split_001.html
index_split_038_split_002.html
index_split_038_split_003.html
index_split_038_split_004.html
index_split_039.html
index_split_040.html
index_split_041_split_000.html
index_split_041_split_001.html
index_split_041_split_002.html
index_split_041_split_003.html
index_split_041_split_004.html
index_split_041_split_005.html
index_split_041_split_006.html
index_split_041_split_007.html
index_split_041_split_008.html
index_split_041_split_009.html
index_split_041_split_010.html
index_split_041_split_011.html
index_split_042.html
index_split_043_split_000.html
index_split_043_split_001.html
index_split_043_split_002.html
index_split_043_split_003.html
index_split_043_split_004.html
index_split_043_split_005.html
index_split_043_split_006.html
index_split_043_split_007.html
index_split_043_split_008.html
index_split_043_split_009.html
index_split_043_split_010.html
index_split_044_split_000.html
index_split_044_split_001.html
index_split_044_split_002.html
index_split_044_split_003.html
index_split_044_split_004.html
index_split_044_split_005.html
index_split_044_split_006.html
index_split_044_split_007.html
index_split_044_split_008.html
index_split_044_split_009.html
index_split_044_split_010.html
index_split_044_split_011.html
index_split_044_split_012.html
index_split_044_split_013.html
index_split_044_split_014.html
index_split_044_split_015.html
index_split_044_split_016.html
index_split_044_split_017.html
index_split_044_split_018.html
index_split_045.html
index_split_046_split_000.html
index_split_046_split_001.html
index_split_046_split_002.html
index_split_046_split_003.html
index_split_046_split_004.html
index_split_046_split_005.html
index_split_046_split_006.html
index_split_046_split_007.html
index_split_046_split_008.html
index_split_046_split_009.html
index_split_046_split_010.html
index_split_046_split_011.html
index_split_046_split_012.html
index_split_046_split_013.html
index_split_046_split_014.html
index_split_046_split_015.html
index_split_046_split_016.html
index_split_046_split_017.html
index_split_046_split_018.html
index_split_046_split_019.html
index_split_046_split_020.html
index_split_046_split_021.html
index_split_046_split_022.html
index_split_046_split_023.html
index_split_047.html
index_split_048.html
index_split_049.html
index_split_050.html
index_split_051.html
index_split_052.html
index_split_053.html
index_split_054_split_000.html
index_split_054_split_001.html
index_split_054_split_002.html
index_split_054_split_003.html
index_split_054_split_004.html
index_split_054_split_005.html
index_split_054_split_006.html
index_split_054_split_007.html
index_split_054_split_008.html
index_split_054_split_009.html
index_split_054_split_010.html
index_split_054_split_011.html
index_split_054_split_012.html
index_split_055.html
index_split_056.html
index_split_057.html
index_split_058.html
index_split_059.html
index_split_060.html
index_split_061.html
index_split_062_split_000.html
index_split_062_split_001.html
index_split_062_split_002.html
index_split_062_split_003.html
index_split_062_split_004.html
index_split_062_split_005.html
index_split_062_split_006.html
index_split_062_split_007.html
index_split_062_split_008.html
index_split_062_split_009.html
index_split_062_split_010.html
index_split_062_split_011.html
index_split_062_split_012.html
index_split_062_split_013.html
index_split_062_split_014.html
index_split_062_split_015.html
index_split_063.html
index_split_064.html
index_split_065_split_000.html
index_split_065_split_001.html
index_split_066_split_000.html
index_split_066_split_001.html
index_split_066_split_002.html
index_split_066_split_003.html
index_split_066_split_004.html
index_split_066_split_005.html
index_split_066_split_006.html
index_split_066_split_007.html
index_split_066_split_008.html
index_split_066_split_009.html
index_split_066_split_010.html
index_split_067.html
index_split_068.html
index_split_069_split_000.html
index_split_069_split_001.html
index_split_069_split_002.html
index_split_069_split_003.html
index_split_069_split_004.html
index_split_069_split_005.html
index_split_069_split_006.html
index_split_069_split_007.html
index_split_069_split_008.html
index_split_069_split_009.html
index_split_069_split_010.html
index_split_069_split_011.html
index_split_069_split_012.html
index_split_069_split_013.html
index_split_070.html
index_split_071.html
index_split_072.html
index_split_073_split_000.html
index_split_073_split_001.html
index_split_073_split_002.html
index_split_073_split_003.html
index_split_073_split_004.html
index_split_073_split_005.html
index_split_073_split_006.html
index_split_073_split_007.html
index_split_073_split_008.html
index_split_073_split_009.html
index_split_073_split_010.html
index_split_073_split_011.html
index_split_073_split_012.html
index_split_073_split_013.html
index_split_073_split_014.html
index_split_073_split_015.html
index_split_074.html
index_split_075.html
index_split_076.html
index_split_077_split_000.html
index_split_077_split_001.html
index_split_078.html
index_split_079.html
index_split_080.html
index_split_081.html
index_split_082.html
index_split_083.html
index_split_084.html
index_split_085.html
index_split_086.html
index_split_087.html
index_split_088.html
index_split_089.html
index_split_090.html
index_split_091.html
index_split_092.html
index_split_093.html
index_split_094.html
index_split_095.html
index_split_096.html
index_split_097.html
index_split_098.html
index_split_099.html
index_split_100.html
index_split_101.html
index_split_102.html
index_split_103.html
index_split_104.html
index_split_105_split_000.html
index_split_105_split_001.html