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pas l’absorption du Canada par les états-Unis ni des liens si serrés entre les deux pays que le Canada perde toute marge de manœuvre diplomatique d’indépendance ou d’autonomie. À l’ouverture des négociations avec la Grande-Bretagne et les pays d’europe occidentale au printemps de 1948
à Washington, King espère qu’une nouvelle alliance permettra de résoudre les problèmes économiques et commerciaux du Canada, ainsi que d’assurer sa sécurité politique et militaire. À ses yeux, tout cela fait partie d’un tout car, à défaut de connaître la sécurité économique, le Canada ne peut espérer résoudre ses problèmes politiques.
King assiste au début mais non à la fin des négociations sur un traité de l’atlantique nord. vieux et fatigué, il sait que le temps est venu de passer à autre chose. Lors d’un congrès du Parti libéral tenu en août 1948, il se fait le régisseur du choix de Louis saint-Laurent comme son successeur.
saint-Laurent garde le cabinet à peu près intact. déjà, King y a ajouté Lester B. Pearson à titre de ministre des affaires extérieures. Le surnom de Pearson est « Mike » ; avec son sourire joyeux et son éternel nœud papillon, il incarne une variation sur le vieux thème des chapeaux mous et des pantalons rayés qui caractérisent encore les hommes d’état et les diplomates à cette époque. C’est un vétéran de la Grande Guerre et, dans l’entre-deux-guerres, il a été en poste à Londres et à Genève, où il a pu observer de près l’échec de la sécurité collective. À regret, il en est venu à croire que, selon l’axiome de l’époque, « la paix est indivisible », que le Canada a un intérêt dominant envers le maintien général de la paix et que son pays doit donc jouer un rôle activiste et interventionniste dans les affaires étrangères.
Pearson signe le traité de l’atlantique nord, qui crée l’Organisation du traité de l’atlantique nord (l’Otan), à Washington le premier avril 1949, pendant que l’orchestre de la Marine américaine joue une série d’airs populaires, dont « I’ve Got Plenty of Nothin’ ». telle qu’elle est conçue à l’origine, l’Otan est une organisation politique dont les membres s’engagent à assurer leur défense mutuelle. elle a pour but l’instauration d’une force de dissuasion mais pas les combats, et ses fondateurs prennent pour hypothèse que la mobilisation ne se révélera pas nécessaire.
Les événements viennent contrer les espoirs des fondateurs de l’Otan. en septembre 1949, l’Union soviétique procède à un essai nucléaire, brisant ainsi le monopole américain sur la bombe atomique. en octobre, la Chine, dirigée par Mao-tsé-toung proclame une « république populaire » communiste. en janvier, Mao signe une alliance avec staline.
tous deux donnent ensuite leur aval à l’invasion par la Corée du nord, qui est communiste, de la Corée du sud, qui est anticommuniste (il s’agit, respectivement, des anciennes zones d’occupation soviétique et américaine).