348
UnE HIsTOIRE dU Canada
staline et Mao supposent que les états-Unis n’auront aucune réaction et que la victoire communiste est courue d’avance.
au printemps de 1950, les observateurs de Washington, dont l’ambassadeur du Canada Hume Wrong, ne seraient pas en désaccord.
À l’instar du Canada, les états-Unis ont démobilisé leurs troupes à la fin de la guerre. Les forces armées américaines sont réduites au point d’être essentiellement inefficaces, comme celles du Canada. Mais c’est compter sans le président truman que de penser que les états-Unis ne bougeront pas : quand, le 26 juin, survient l’attaque nord-coréenne, truman réplique en dépêchant des avions et des navires, suivis de troupes terrestres, en Corée du nord. allant plus loin, il se rend aux nations Unies pour y dénoncer l’agression nord-coréenne. son raisonnement se fonde sur une analogie : dans les années 1930, l’allemagne, le Japon et l’italie ont misé sur la passivité des démocraties occidentales face à leurs provocations. ainsi, profitant de la stupidité de staline – ce dernier boycotte l’OnU, renonçant par là-même au droit de veto des soviétiques – les états-Unis obtiennent de l’OnU un mandat pour repousser la Corée du nord.
Pris par surprise, le gouvernement canadien n’en est pas moins satisfait. après tout, c’est à cela que sert l’OnU, même si elle est d’ordinaire paralysée. L’OnU offre une tribune où les petits pays comme le Canada peuvent s’exprimer et exercer leur influence, en théorie à tout le moins. il demeure cependant que ce sont de très loin les états-Unis qui apportent la plus grande contribution à l’armée des nations Unies en Corée, suivis en cela par la Corée du sud, qui dépend entièrement d’eux sur les plans du soutien et des approvisionnements. d’autres pays ne dépêchent qu’une petite partie des troupes sur le terrain et il s’avère que la taille de leur contribution est le reflet de leur influence.
au Canada, on observe un légère divergence entre la diplomatie et la politique de la participation à la guerre de Corée. sur le plan politique, l’opinion publique canadienne souhaite une intervention du Canada. Le cabinet, lui, hésite. Beaucoup de ses membres rappellent les crises de la conscription de la deuxième Guerre mondiale et les événements qui ont marqué la Grande Guerre. Mais il s’agit cette fois d’une guerre contre un agresseur et, fait plus important encore, contre le communisme. dominante sur la scène publique québécoise, l’église catholique romaine est farouchement anticommuniste et le premier ministre du Québec, duplessis, lui-même un anticommuniste enragé, n’est pas très bien placé pour se plaindre quand le gouvernement du Canada en vient à expédier des troupes combattre un ennemi commun. Quand saint-Laurent lance son appel aux volontaires pour aller combattre la Corée en 1950, ceux-ci se présentent en grand nombre et, au Québec, les critiques sont éparses et tempérées. Le Canada envoie des avions, des navires et des soldats en Corée ; leur nombre 13 • des Temps Bénis, 1945–1963