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Une fois de plus, en 1891, la politique prend le pas sur l’économie.
sir John joue la carte de la loyauté, laissant entendre que les libéraux sont, aux mieux, une bande de fous – il en existe de bonnes preuves – et, au pire, des bandits et des traîtres. « Je suis sujet britannique et né britannique, proclame Macdonald, et j’espère mourir sujet britannique. » À l’âge de soixante-seize ans, c’est une promesse qu’il a de bonnes chances de remplir et, de fait, après avoir mené son parti à la victoire au terme des élections de mars 1891, il s’éteint en juin. tout cela laisse de côté un point mineur : il n’existe aucune bonne raison de s’attendre à ce que les hommes politiques de Washington voient la réciprocité sans restrictions comme une occasion qu’ils ne peuvent laisser passer.
ayant reçu toute une correction, Laurier se demande pourquoi l’épée de la réciprocité a bien pu fléchir dans ses mains. il tire la bonne conclusion : sur le plan politique, il est extrêmement dangereux de toucher à l’identité britannique du Canada. La meilleure politique réside dans la loyauté et il ne fait aucun doute que des tarifs élevés représentent un symbole de l’identité canadienne. Macdonald a greffé les tarifs sur la politique canadienne et, pendant le siècle qui suivra, politique et protection iront de pair au Canada.
en 1893, lors d’un congrès du parti libéral, les membres ratifient un changement de stratégie. sur un plan abstrait, le parti maintient sa ferveur envers le libre-échange mais celui-ci n’a aucune valeur comparé à la perspective de victoire aux élections. Les libéraux ne toucheront donc plus à l’essence du tarif canadien. il est permis d’apporter des retouches aux marges tarifaires pour plaire aux agriculteurs-électeurs de l’Ontario et de l’Ouest, mais plus question d’envisager la réciprocité avec les états-Unis.
Pas tant que le souvenir des élections de 1891 ne se sera pas estompé.