LA DipLOmATiE inDiEnnE

Pour la nouvelle-France, Louis et son ministre Colbert ont recours à une stratégie à trois volets. Le premier consiste à l’intégrer dans l’état français. C’est ainsi qu’en 1663, la nouvelle-France devient une province royale, comme les autres provinces de la France européenne, et on y envoie un gouverneur royal comme représentant du roi. Mais en conformité avec la conception que Louis a de l’absolutisme, même l’autorité des fonctionnaires très importants est strictement limitée. C’est particulièrement le cas des gouverneurs provinciaux, choisis parmi la noblesse, des hommes d’honneur et de dignité, certes, mais auxquels on ne peut confier de pouvoir illimité.

C’est l’intendant, second fonctionnaire royal, qui détient le véritable pouvoir : il gère les finances, la politique économique et les affaires civiles en général, y compris la justice et les tribunaux. enfin, il y a le pouvoir spirituel, l’évêque, en rivalité avec le gouverneur et dont l’autorité porte sur des domaines comme la morale et l’éducation. Les fonctionnaires qui offensent l’évêque risquent l’excommunication de l’église, situation qui, sous le règne du pieux Louis Xiv, n’est guère susceptible de donner lieu à une promotion et peut facilement déboucher sur un sort bien pire encore. L’évêque représente aussi un lien avec le gouvernement : l’unité fondamentale de l’organisation en France étant la paroisse, le prêtre de la paroisse prend une certaine importance en tant que lien avec l’évêque et la capitale en servant de source d’information ou de canal de communication.

À son mieux, l’administration de la nouvelle-France peut se décrire comme étant en état de tension créatrice. À son pire, le double pouvoir en 3 • expansion eT colonisaTion

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place dans la colonie provoque impasse et dissonance. du point de vue de la monarchie française, cependant, même un gouvernement inefficace est préférable à une province autonome. après tout, un gouvernement manquant d’efficacité est un gouvernement dépendant, comptant sur la France, à des mois de navigation de distance, pour résoudre ses problèmes.

Le gouverneur, l’intendant et l’évêque se réunissent régulièrement au sein d’un Conseil souverain. Moitié cour, moitié cabinet, le Conseil fonctionne selon le principe du consensus et, en l’absence de ce dernier, s’en remet à sa présidence, en l’occurrence, l’intendant1. Le Conseil statue sur les questions juridiques les plus importantes (les autres étant laissées à la discrétion de l’intendant), mais ses jugements peuvent faire l’objet d’un appel en France et, à tout le moins dans les premiers temps, c’est souvent le cas. Le volume des appels finit par devenir si important qu’en 1677, Colbert les renvoie tous. après cela, le Conseil devient, de fait, le tribunal de dernier ressort de la nouvelle-France2.

Le Conseil souverain siège à Québec. aux fins de l’administration locale, des tribunaux moins importants siègent à trois-rivières et Montréal (où se trouvent aussi des gouverneurs et des sous-intendants locaux) ; on peut faire interjeter appel de leurs décisions devant le Conseil à Québec.

Cela ne signifie toutefois pas que le gouvernement soit établi dans la capitale. Les fonctions du gouverneur varient selon les saisons, l’été étant la saison des échanges commerciaux et de la diplomatie avec les partenaires commerciaux de la nouvelle-France à l’intérieur des terres, au sein des nations indiennes des Grands Lacs et du nord. Chaque été, ils se présentent à Montréal, lorsque les iroquois le permettent, et se lancent dans une série de festins et, plus souvent qu’autrement, de beuveries (les menaces de l’évêque d’excommunier quiconque se permet de vendre de l’alcool aux indiens demeurent sans effet). On organise des cérémonies et des échanges de cadeaux et, pour faire les choses de manière solennelle, la présence du gouverneur est souvent sollicitée. Le gouverneur se rend donc à Montréal chaque été, soit pour y demeurer et participer à des festins, soit comme point de départ d’expéditions vers l’intérieur des terres, car la plupart des gouverneurs de la nouvelle-France dirigent aussi leurs troupes sur le terrain, selon les circonstances3. (Un gouverneur, le comte de Frontenac, a largement dépassé les soixante-dix ans lorsqu’il dirige une expédition contre les iroquois – la dernière d’une longue série dans son cas.) Une fois le gouvernement royal imposé, il y a des troupes à commander. signe des temps nouveaux, on expédie des troupes de France avec un nouvel intendant, Jean talon, qui satisfait aux exigences strictes de Colbert pour le poste ; sa première tâche est de veiller à ce que les soldats soient logés, nourris et rémunérés. Le régiment de Carignan-salières compte 44

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un millier d’hommes, dont pas moins de 117 officiers, cinq d’entre eux ayant plus de soixante-dix ans et trente plus de soixante ans. Les troupes déclenchent une émeute lorsqu’elles ont vent de leur destination mais, bon gré mal gré, elles sont entassées dans un navire à La rochelle et arrivent à Québec à l’été de 1665.

elles ont pour mission d’impressionner et, au besoin, de vaincre les iroquois. Certains iroquoiens, trop pressés de se laisser impressionner, envoient des représentants pacifiques à Montréal. dans le cas des plus hostiles, les Mohawks, les Français essaient de s’avancer dans leur territoire en janvier 1666. Heureusement, l’expédition évite la catastrophe et les hommes peuvent se ravitailler auprès de commerçants hollandais à albany (les Français y apprennent que les anglais ont conquis la colonie hollandaise ; aucune des parties ne sait encore que l’angleterre et la France sont également en guerre). Une deuxième campagne, estivale celle-là, suit et donne l’effet voulu : on fait la paix avec des iroquois affaiblis, davantage minés par une nouvelle épidémie que par les troupes françaises.

Ce répit ne dure pas. il y aura d’autres expéditions et d’autres raids iroquois contre la nouvelle-France, surtout dans les années 1680, mais l’accalmie sera suffisante pour permettre l’immigration et la colonisation.

Cela fait partie du plan de Colbert.

LA cOLOniSATiOn DE LA nOUVELLE-FRAncE

Pendant les 150 années que dure l’existence de la nouvelle-France, la colonie reçoit quelque 10 000 immigrants. ils sont presque tous Français et viennent directement de France ; et presque tous sont, suivant le souhait de Louis Xiv, catholiques. Pour la plupart, ils ne font pas partie de la race robuste de paysans d’origine normande. La majorité provient du Poitou, la région à l’est de La rochelle, mais la plupart des provinces de l’ouest de la France, de l’aquitaine au sud jusqu’à la Picardie au nord, y sont représentées.

Un bon nombre viennent de Paris et quelques-uns d’autres grandes villes.

Certains sont embarqués sous la contrainte, à cause de l’armée, ou à titre de représailles pour une infraction mineure commise en France. Les soldats peuvent obtenir leur libération précoce s’ils demeurent en nouvelle-France et beaucoup trouvent l’occasion trop belle pour la laisser passer. d’autres sont des domestiques liés par contrat d’apprentissage, qui troquent leur travail contre un passage en nouvelle-France. Comme le noteront les géographes Cole Harris et John Warkentin, « la plupart [des immigrants]

viennent au Canada parce qu’ils y sont envoyés4 ».

On ne peut pas dire que la perspective de partir en nouvelle-France soit invitante. vers le milieu du dix-septième siècle, on sait deux 3 • expansion eT colonisaTion

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choses de la colonie : c’est le repaire des indiens en maraude et il y fait un froid terrible. il y fait bel et bien froid. Les températures y sont beaucoup plus basses que dans pratiquement n’importe quelle partie de la France. La saison de croissance y est plus courte. Les cultures françaises ne s’adaptent pas facilement au climat canadien et certaines n’y poussent pas du tout.

et avant de pouvoir cultiver quoi que ce soit, il faut abattre des arbres, difficulté à laquelle les Français de France n’ont plus été confrontés depuis l’époque romaine. enfin, bien que la vallée du saint-Laurent soit fertile, les basses terres ne s’étendent pas très loin au nord ou au sud du fleuve – huit kilomètres à Québec et quarante-huit à Montréal. au-delà se trouvent le Bouclier canadien au nord et les appalaches au sud. La nouvelle-France s’étend entre les deux, un ruban le long du saint-Laurent.

Pour organiser la colonisation, comme les Cent associés avant lui, le gouvernement s’en remet aux seigneurs, gens de petite noblesse auxquels on octroie des terres (des seigneuries) et on demande en retour d’attirer des agriculteurs pour les labourer. La terre n’appartient pas aux agriculteurs ; elle leur est louée par le seigneur. en théorie, ce dernier est le châtelain, à l’instar de ses homologues européens, mais, en nouvelle-France, il y a souvent une différence entre la théorie et la réalité. il est rare que les seigneurs disposent des fonds nécessaires pour développer leur terre, construire un vrai manoir ainsi qu’un moulin où les locataires pourront moudre leur blé.

il ne peuvent non plus entretenir l’espoir de combler l’écart des baux, qui sont peu élevés ou calculés en temps de travail plutôt qu’en argent. il arrive souvent que, pour assurer leur survie, les seigneurs travaillent eux-mêmes dans les champs, comme leurs prétendus subalternes, ou qu’ils déménagent en ville pour y chercher un emploi au gouvernement, seule façon pour eux de conserver le statut auquel ils aspiraient. Beaucoup de gens de la petite noblesse française de nouvelle-France trouvent de l’emploi dans l’armée, soit parmi les troupes locales soit dans l’armée ou la marine de la vieille France. ils soutiendront l’état français, mais à titre d’employés plutôt que de grands de France semi-féodaux. en théorie, le système seigneurial assure pouvoir et stabilité. La réalité est tout autre.

La colonisation dépend du fleuve, seul moyen de transport fiable jusqu’au milieu du dix-huitième siècle. seigneurs et agriculteurs souhaitent s’établir sur les rives, qui leur offrent un accès routier, de sorte que les exploitations agricoles s’étirent en de longues et étroites bandes de terre à partir du fleuve. À mesure que se développera un réseau de chemins près des trois seuls établissements d’une certaine ampleur, les agriculteurs s’éloigneront du fleuve, mais cela prendra du temps.

Fait curieux, bien que le gouvernement parraine et soutienne la haute bourgeoisie de la nouvelle-France, il mine aussi son autorité en maintenant une autre institution locale, la milice, dont l’organisation se fait d’abord à 46

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Montréal avant d’être étendue au reste de la colonie. tous les hommes aptes physiquement ayant entre seize et soixante ans appartiennent à la milice, et la force est organisée dans chacune des paroisses sous les ordres d’un capitaine de milice, qui n’est pas d’ordinaire le seigneur local. Les nobles sont cependant exemptés du service militaire (le poste de capitaine de milice survivra au régime français, se prolongeant même jusqu’au vingtième siècle dans les régions rurales du Québec)5.

en dehors des nobles, d’autres parviennent à éviter le service militaire. Le service obligatoire dépend de la présence alentour d’une personne à contraindre de le faire et beaucoup, des hommes jeunes prenant part à la traite des fourrures, sont absents. Cela provoque du ressentiment, mais, jusqu’aux derniers jours de la nouvelle-France, ce ressentiment n’ira jamais jusqu’à refuser le service militaire, car la défense de la colonie en dépend.

Lorsqu’il accepte de se rendre en nouvelle-France à titre d’intendant, Jean talon le fait à condition que son mandat soit limité dans le temps. il pose comme autre condition de pouvoir prendre part, à titre privé, à la traite des fourrures, ce qu’il fait, en profitant de certains privilèges rattachés à son poste6. On s’entend généralement pour dire qu’il est actif et intelligent, et il institue ce que l’on peut appeler la première « politique industrielle »

du Canada. C’est une politique mercantiliste, reposant sur la théorie selon laquelle, pour connaître le succès, un état doit tirer le maximum de sa propre activité économique en faisant concurrence à d’autres états semblables (de fait, d’autres états, particulièrement l’angleterre, ont une politique semblable). On encourage la fabrication par des subventions, directes et indirectes, et on décourage l’importation. en toute logique, talon et Colbert ont pour objectifs de rendre la nouvelle-France autonome, de l’encourager à gagner son pain et de lui ordonner de contribuer à l’économie française.

L’agriculture exige toutefois de la main-d’œuvre et celle-ci est rare, en partie à cause du manque de population et en partie à cause de l’attrait exercé par la traite des fourrures sur les jeunes hommes. Mais avec le temps, les exigences et les profits de la traite des fourrures finissent par marquer le pas, si bien qu’au début du dix-huitième siècle, la main-d’œuvre agricole est suffisante pour assurer non plus un simple moyen de subsistance, mais un modeste excédent de blé, qui est vendu dans les antilles françaises, une fois les besoins locaux comblés.

Les tentatives en vue de l’établissement d’une industrie en nouvelle-France connaissent moins de succès. Les moulins à broyer le grain font partie du régime foncier seigneurial, et il faut moudre le grain. Comme le coût élevé de l’expédition par bateau rend les importations non concurrentielles, il n’y a, en pratique, aucune concurrence, mais cette même situation empêche toute exportation de produits en France à des prix compétitifs. talon 3 • expansion eT colonisaTion

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ouvre une brasserie et une tannerie et encourage la production de fer et de chanvre. Cela ne donne que des résultats presque toujours décevants, mais même ces déceptions répétées n’empêchent pas le gouvernement français de poursuivre une politique de création industrielle.

La clé de l’économie de la nouvelle-France comporte deux aspects.

d’un côté, il y a la traite des fourrures, qui enrichira ses participants, indiens et Blancs, jusqu’à la fin du régime français et au-delà. d’autre part, il y a la terre, une ressource abondante. Les terres disponibles pour l’agriculture donnent des récoltes suffisantes pour nourrir les agglomérations, ainsi que les agriculteurs et leurs familles. Les habitants de la nouvelle-France se marient jeunes, plus tôt qu’en europe. en l’absence de contraception et de toute raison contraignante pour limiter la taille des familles, ils ont un nouveau-né tous les deux ans. Cela donne un taux de natalité supérieur à celui de la France, quoique comparable à celui de la nouvelle-angleterre coloniale. simultanément, le taux de mortalité est inférieur à celui de l’europe, peut-être du fait que la société, une fois terminées les guerres avec les iroquois, est plus tranquille et que les risques pour la vie sont moins grands7. La population s’accroît donc, passant de trois mille âmes dans les années 1660 à dix mille dans les années 1680, puis jusqu’à soixante-quinze mille.

La nature du gouvernement français, et la politique de ce dernier, entraîne aussi une répartition inhabituelle de la population dans la colonie.

nous reviendrons sur cette politique plus loin ; contentons-nous pour le moment de noter que l’établissement officiel est vaste, surtout si on le compare aux colonies anglaises plus au sud. il faut soutenir les soldats et les dirigeants, et maintenir la cour miniature du gouverneur. tenant à un modèle de société dans lequel la noblesse est reconnue et récompensée, le gouvernement offre des emplois, des pensions et des faveurs8.

À certains égards, et certainement en temps de guerre, la nouvelle-France est plus ou moins semblable à une grande garnison. Pendant les guerres iroquoises des années 1660, les soldats de métier du roi comptent pour un quart de la population totale de la colonie. Mais ces soldats ne sont pas remplacés, même si beaucoup choisissent de s’installer comme colons en nouvelle-France. dans les années 1680, le gouvernement français envoie des troupes de la marine sous les ordres du ministre de la Marine, qui est responsable des colonies. Ces soldats de métier demeureront à la disposition du gouverneur jusqu’à l’effondrement de la nouvelle-France.

ils sont d’abord recrutés et dirigés par des Français de souche mais, après 1690, les habitants de la nouvelle-France – plus exactement, la noblesse de la nouvelle-France – sont admissibles à des postes d’officiers. dans les années 1750, la plupart des officiers des troupes de la marine sont nés au Canada mais leurs soldats sont, comme auparavant, recrutés en France.

 

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au soir du régime français, en 1760, il n’y a que trois établissements de taille respectable : Québec, Montréal et trois-rivières. À elle seule, Québec compte huit mille habitants et Montréal, cinq mille. Comme le soulignent Harris et Warkentin, cela signifie que le quart de la population de la nouvelle-France est urbain, ratio plus élevé que dans n’importe quelle colonie britannique du sud9. Par ailleurs, les trois quarts de la population (évaluée à soixante-dix à soixante-quinze mille personnes en 1760) vivent dans les campagnes et sont, pour la plupart, satisfaits de leur sort.

L’AcADiE

La nouvelle-France couvre davantage que la vallée du saint-Laurent. La pêche a attiré les Français en amérique du nord, vers les eaux au large de terre-neuve, puis le long du saint-Laurent, où ils ont récolté aussi bien des fourrures que pris du poisson. C’est le long de la côte atlantique, en acadie, que sont survenus les premiers établissements temporaires français. ils ont été abandonnés, très lentement, et voilà qu’au dix-septième siècle, les colons reviennent.

C’est un minuscule fort français érigé à Port-royal, sur la rive orientale de la baie de Fundy, qui constitue le centre de la colonie. Les colons construisent des digues dans les marais pour installer leurs exploitations agricoles, une pratique qui a toujours cours de nos jours. C’est une toute petite colonie, mais cela ne la protège en rien contre les pirates anglais, et elle change plusieurs fois de mains au milieu du dix-septième siècle. néanmoins, quand l’acadie redevient française en 1670, elle compte 350 habitants français, nombre qui grimpe à douze cents en 1700.

Le retour au régime français semble donner le signal de l’expansion de la colonie : de nouveaux établissements sont fondés sur l’isthme de Chignacto, qui relie aujourd’hui la nouvelle-écosse au nouveau-Brunswick, et le long du bassin Minas. Fait intéressant, même si les guerres sont fréquentes entre la France et l’angleterre, les acadiens n’ont aucune objection à commercer avec l’ennemi, réel ou potentiel, allant même jusqu’à se montrer réticents à collaborer avec les autorités françaises en repoussant les navires venus de nouvelle-angleterre, même en temps de guerre.

La meilleure garantie de protection pour l’acadie consiste à maintenir des relations pacifiques avec l’angleterre et avec la France. il est impossible de défendre le long littoral et, vu la proximité relative de la nouvelle-angleterre, les navires anglais offrent en permanence des possibilités d’échanges commerciaux tout en constituant une menace constante en temps de guerre.

 

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Une histoire du Canada
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