30.
Tout en courant, j’ai pris conscience que je ne savais plus exactement ce que je faisais ni où j’étais. D’une certaine façon, mon instinct m’a ramenée à l’endroit où Chris avait été abattu.
Il était toujours adossé au pilier. Il semblait attendre mon retour.
Je me suis précipitée vers lui, me suis agenouillée le plus près possible. J’ai vu la police et l’équipe du Samu qui arrivaient enfin. Qu’est-ce qui les avait retenues si longtemps ?
— Que s’est-il passé ? m’a murmuré Chris.
Je ne l’entendais presque plus.
— Je l’ai eue, Chris. C’était Chessy Jenks l’assassin.
Il a réussi à acquiescer.
— Là, je te retrouve, a-t-il chuchoté.
Là-dessus, Chris a souri faiblement et il est mort dans mes bras.
Je n’aurais jamais imaginé, ni rêvé, que Chris mourrait le premier. Ce fut un choc terrible, épouvantable, atroce. C’était moi, la malade, celle que la mort avait effleurée.
J’ai posé ma tête contre sa poitrine. Plus de mouvement, plus de souffle, rien qu’une immobilité terrifiante. Tout m’a paru irréel.
Puis les médecins se sont acharnés sur Chris en pure perte, héroïques. Et je suis restée tout ce temps à lui tenir la main.
Je me sentais immensément vide, d’une tristesse sans bornes. Je sanglotais, j’avais encore quelque chose à lui dire. Une toute dernière chose.
— Medved m’a dit que tout ira bien pour moi, Chris.