40.
Deux, trois heures plus tard, j’étais assise, vêtue de ma blouse d’hôpital, dans le service hématologique Moffett.
— Le Dr Medved aimerait vous dire un mot avant que nous ne commencions, m’a dit Sara, l’infirmière chargée de me transfuser.
Je me sentais nerveuse en la voyant installer l’appareil à perfusion. En vérité, je me sentais très bien, n’ayant eu ni douleur ni nausée, en dehors de l’incident dans les toilettes pour dames de la semaine précédente.
Le Dr Medved entra, un dossier sous le bras. Il avait un visage amical mais pas sûr de lui.
Je lui ai fait un petit sourire faiblard.
— Rien que des bonnes nouvelles ?
Il s’est assis en face de moi sur le rebord d’un comptoir.
— Vous vous sentez comment, Lindsay ?
— Je ne me sentais pas si mal la dernière fois.
— Fatiguée ?
— Un tout petit peu. En fin de journée, ce genre-là.
— Des accès de nausée ? Des malaises ?
J’ai admis avoir vomi une ou deux fois.
Il a porté une brève indication sur une feuille.
Il en a parcouru d’autres dans le dossier.
— Je vois que vous avez subi quatre transfusions de sang jusqu’ici...
Plus il prenait son temps, plus mon cœur s’affolait. Pour finir, il a reposé le dossier et m’a regardée bien en face.
— J’ai bien peur que votre taux d’erythrocytes n’ait continué de baisser, Lindsay. Vous pouvez voir ici la courbe évolutive.
Medved m’a passé une feuille.
Se penchant en avant, il a péché un stylo dans sa poche. Il y avait un diagramme sur le papier.
Il l’a suivi avec le stylo. La courbe descendait régulièrement. Merde.
J’ai senti mes poumons se vider sous le coup de la déception.
— Je vais de mal en pis, ai-je conclu.
— Pour être franc, a reconnu le médecin, ce n’est pas là l’évolution qu’on espérait.
J’avais ignoré cette possibilité, m’enterrant dans l’affaire, certaine que mon taux s’améliorerait. J’avais bâti cette opinion sur la confiance naturelle que j’étais trop jeune et trop pleine d’énergie pour être vraiment malade. J’avais une tâche à remplir, une tâche importante, ma vie à vivre.
Je suis en train de mourir, hein ? Oh, mon Dieu.
— Qu’est-ce qui se passe maintenant ? ai-je articulé péniblement. Ma voix n’était plus qu’un murmure.
— Je tiens à continuer le traitement, a répliqué Medved. En fait, je veux augmenter le nombre de séances. Parfois, ce genre de choses prend un peu de temps avant de porter ses fruits.
— Mortel, le test, ai-je plaisanté d’un ton morne.
Il a opiné.
— À partir de maintenant, j’aimerais que vous veniez trois fois par semaine. Et je vais augmenter la dose de trente pour cent.
Il est descendu lourdement du comptoir.
— Globalement, il n’y a aucune raison immédiate de s’alarmer, m’a-t-il déclaré sur un ton légèrement réjouissant. Vous pouvez continuer de travailler – c’est-à-dire, si vous vous en sentez capable.
— Il le faut, ai-je dit à Medved.