18.
À la fin de la dernière conférence de presse, une fois le dernier flash éteint, après que j’eus remâché pour la centième fois, m’a-t-il semblé, comment nous avions restreint notre enquête sur Jenks, après qu’un DG Mercer rayonnant eut été embarqué par un chauffeur, j’ai serré dans mes bras Claire, Cindy et Jill. On a bu une bière de la victoire et je suis retournée sans me presser au palais de justice.
Il était plus de huit heures et seuls les bavardages de l’équipe de nuit venaient troubler ma solitude.
Je me suis attablée à mon bureau dans le silence bien mérité de la salle de garde et je me suis efforcée de me rappeler la dernière fois où je m’étais sentie aussi bien.
Demain commencerait la compilation méticuleuse du dossier contre Nicholas Jenks : interrogatoire, accumulation d’un surcroît de preuves, rédaction de rapport sur rapport. Mais on avait réussi. On l’avait pris tout juste comme j’avais espéré qu’on le ferait. J’avais tenu la promesse faite à Mélanie Brandt, lors de cette horrible nuit dans la suite du Mandarin du Grand Hyatt.
J’étais fière de moi. Quelle que soit l’évolution de Negli, même si je ne passais jamais lieutenant, personne ne pourrait me retirer ça.
Je me suis levée, me suis avancée vers le tableau noir où figurait la liste des affaires sur lesquelles on bossait.
Sous la rubrique « Affaires en cours », vers le haut, figurait son nom : Mélanie Brandt. J’ai pris un chiffon et je l’ai effacé, puis celui de son mari, jusqu’à ce que disparaisse la moindre trace de craie bleue.
La voix de Raleigh a claironné dans mon dos :
— Je parie que ça fait du bien.
Je me suis retournée. Il était là, l’air content de lui.
— Qu’est-ce que vous faites là ? Si tard ? lui ai-je demandé.
— J’ai pensé aller ranger le bureau de Roth et lui faucher un paquet de brownies, m’a-t-il répondu. Mais qu’est-ce que vous croyez, Lindsay ? Je vous cherchais.
On était dans la salle de garde déserte. Il n’a pas eu à bouger, je l’ai rejoint. Rien ne s’y opposait. Aucune raison de le nier.
Je l’ai embrassé. Mais pas comme la fois précédente. Pas simplement pour que Chris sache que j’étais intéressée. Je l’ai embrassé comme j’avais eu envie de le faire, ce fameux soir à Cleveland. Je voulais lui couper le souffle. Je voulais lui dire : « J’ai eu envie de faire ça dès que je t’ai vu, dès le premier jour. »
Quand on s’est finalement détachés l’un de l’autre, il m’a répété avec un sourire :
— Comme je le disais, je parie que ça fait du bien.
Oui. Actuellement, tout faisait du bien. Et paraissait inévitable.
— Quels sont tes projets ? lui ai-je demandé en souriant.
— Approximativement ?
— Précisément, tout de suite. Ce soir. Les heures qui viennent, du moins.
— Je pensais rentrer, mettre de l’ordre sur le bureau de Joyeux et voir si tu voulais que je te raccompagne.
— Laisse-moi prendre mon sac.