24.
Quatre heures plus tard, au tribunal d’assises du district, je me suis sentie assez bien pour regarder Nicholas Jenks écouter sa mise en examen pour meurtre.
Une foule bourdonnante remplissait les couloirs à l’extérieur de la salle d’audience du juge Stephen Bowen. Des photographes mitraillaient à l’aveuglette, des journalistes se ruaient pour entrevoir l’écrivain à succès bouleversé, maussade.
Raleigh et moi, on s’est faufilés, puis assis derrière Jill qui était au premier rang. J’avais repris des forces, et le charivari dans ma poitrine s’était calmé. Je voulais que Jenks voie que j’étais bien là.
J’ai aperçu Cindy, assise sur le banc de la presse. Et au fond du tribunal, j’ai repéré le chancelier Weil et sa femme.
Ce fut terminé avant même de commencer. On a introduit Jenks, l’œil éteint, des cernes comme des cratères lunaires. Le greffier a lu le registre, le suspect s’est levé. Ce salaud a plaidé non coupable. Qu’allait-on arguer en sa faveur, que toutes les preuves étaient irrecevables ?
Leff, en as du barreau consommé, s’est montré d’un respect inhabituel, humble même devant le juge Bowen. Il a axé sa plaidoirie sur la stature de Jenks dans la société et ses bienfaits à la communauté et demandé sa relaxe sous caution. Un instant, les arguments de l’avocat du tueur faillirent me faire basculer moi-même en sa faveur.
Jill attaqua de front. Elle a décrit avec force détails la sauvagerie des meurtres. Et a soutenu que le suspect avait les moyens de s’enfuir.
J’ai senti une poussée triomphale me traverser quand le juge abattit son marteau et psalmodia « Caution refusée ».