8.
— Qu’a-t-elle voulu dire par là ? demanda Chessy Jenks à son mari, troublée, une fois que les inspecteurs de police eurent quitté leur maison.
Jenks la repoussa et se dirigea à grands pas vers les portes-fenêtres qui s’ouvraient sur le Pacifique.
— Imbéciles, amateurs, maugréa-t-il. À qui croient-ils donc avoir affaire, merde ?
Il sentait un picotement lui chauffer l’échiné et le poignarder dans le dos.
Des imbéciles à l’esprit étroit. Des fouille-merde. C’est pour ça qu’ils sont flics. S’ils avaient quelque chose dans le crâne, ils feraient ce que je fais. Ils vivraient face au Pacifique.
— C’est pour ça qu’on creuse des décharges, répondit-il distraitement. Pour que les flics s’y sentent chez eux.
Chessy reprit la photo de mariage sur la table basse et la remit à la bonne place.
— Qu’est-ce que tu vas faire maintenant, Nick ?
Pourquoi le poussait-elle toujours à ça ? Pourquoi avait-elle toujours besoin de savoir ?
Elle s’approcha en le regardant avec patience et lucidité.
Comme d’habitude, sa colère fusa tel l’éclair.
Il ne prit même pas conscience qu’il l’avait frappée.
Sa main lui faisait simplement mal et il vit Chessy, étalée sur le sol – et la table en bambou où étaient posées les photos, renversée. Chessy se tenait une main devant la bouche.
— Tu ne sais pas encore quand tu dois me laisser tranquille ? gueula-t-il. Tu as besoin que je te fasse un dessin ?
— Euh, Nick, fit Chessy. Pas ici... pas maintenant.
— Quoi, pas ici ?
Il hurlait. Il savait qu’il hurlait, qu’il ne se contrôlait plus. Que les domestiques pouvaient l’entendre.
— Je t’en prie, Nick, fit Chessy en se relevant. Susan ne va pas tarder. On va déjeuner.
L’idée que Chessy pensait qu’elle pouvait se permettre de le juger l’enrageait pour de bon. Ne voyait-elle pas qui elle était vraiment ? Rien qu’une blondasse avec des taches de rousseur qu’il avait ramassée dans un casting et transformée en don du ciel version Martha Stewart.
Il lui agrippa le bras et colla son visage à quelques centimètres de ses beaux yeux remplis de terreur.
— Dis-le !
Elle tremblait sous sa poigne. Un léger filet de morve lui coulait du nez.
— Bon Dieu, Nick...
Voilà ce qu’il aimait, qu’elle ait peur de lui, même si elle ne le montrait jamais en public.
— Je t’ai dit de me le dire, Chessy.
Il lui tordit le bras derrière le dos.
Elle respirait fortement à présent, de la sueur tachait son T-shirt. Ses petits seins pointaient. Quand elle le fusilla du regard avec un air de défi dérisoire, il tordit plus fort, lui enfonçant ses ongles dans le bras. Il la poussa vers la chambre, trébuchante sur ses pieds nus.
Une fois dans la chambre, il referma la porte d’un coup de pied.
Elle se prenait pour qui, cette femme-flic ? De venir ici... pour l’accuser de la sorte. Dans son ensemble cheap de chez Gap. Quelle insolente, quelle salope !
Il entraîna Chessy dans la penderie. La sienne, à elle. Il y faisait sombre. Rien que le noir, ses sanglots et l’odeur pénétrante de son parfum. Il la plaqua d’une poussée face au mur et se frotta contre ses fesses.
Il descendit le short de gym de Chessy et son collant avec.
— S’il te plaît ! cria-t-elle. Nicky ?
Il s’empara de l’endroit familier où ses fesses s’ouvraient. Il bandait dur et s’y enfonça profond.
Il se mit à bouger en Chessy.
— Dis-le, fit-il d’une voix entrecoupée. Tu sais comment arrêter tout ça. Dis-le.
— Wouf..., finit-elle par chuchoter imperceptiblement.
À présent, elle adorait ça, comme elle l’avait toujours adoré. Ça n’était pas mauvais – c’était bon. Elles finissaient toutes par désirer ça, adorer ça. Il les choisissait toujours si bien.
— Wouf, gémit-elle. Wouf, wouf. Tu en as envie, Nick ?
Oui, c’était en partie ce dont il avait besoin. Il n’attendait rien d’autre de Chessy.
— T’adores ça, Chessy, lui murmura-t-il en réponse. C’est pour ça que tu es ici avec moi.