77.
Willy Vlaeminck était assis en face du SGA dans un
bureau au premier étage du bâtiment Justus-Lipsius. L'image de leur
correspondant apparut sur l'écran du système de
visioconférence.
— Son nom ne figure sur aucune liste de
passagers, monsieur le Secrétaire général adjoint.
Le dignitaire européen poussa un soupir.
— Il aura certainement utilisé une autre
identité.
— Nous avons regardé descendre tous les
passagers des avions internationaux depuis ce matin. Aucune trace
de Mackenzie. Ni sur Air France, ni sur
Air China, ni sur l'Aeroflot. Il n'est nulle part. La journée est
presque finie ici et il n'y aura bientôt plus personne.
On devinait dans le regard du correspondant une
colère contenue. Il avait fait seize heures trente de vol pour
rien ! Derrière lui se dessinait le hall désert du
Chinggis Khaan International Airport
d'Oulan-Bator.
Vlaeminck réprima un sourire. Depuis le début, il
avait exprimé sa désapprobation dans l'affaire Marie Lynch. Les
moyens mis en œuvre pour manipuler la jeune fille lui semblaient
déplacés, indignes de leurs fonctions, et, pour tout dire, il avait
presque espéré que l'information qu'ils avaient obtenue d'elle
serait erronée.
— Vous pensez qu'il est arrivé avant
vous ? demanda le SGA, sans trop y croire.
En guise de réponse, le jeune agent, à l'autre bout
du monde, haussa les épaules.
— Je pense surtout qu'il s'est moqué de nous,
glissa Vlaeminck.
Le Secrétaire général adjoint lui adressa un regard
furibond. Il coupa la communication avec Oulan-Bator.
— Vous feriez mieux de trouver où Mackenzie se
situe réellement, au lieu de sourire bêtement !
L'agent belge hocha la tête sans prendre la peine
d'effacer le sourire ironique de son visage. Ce Mackenzie
commençait à lui plaire.