106.
Zalewski accéléra le pas, tout en gardant le dos
courbé pour ne pas s'exposer au tir ennemi, depuis l'escalier d'en
face. Il voulait arriver en haut avant eux, ou au moins en même
temps, et les empêcher de fuir.
Par moments, un coup de feu déchirait l'air et
résonnait entre les murs de l'immense pièce. C'était Vlaeminck, en
bas, qui maintenait la pression et tirait, sans doute, dès qu'un
garde avait l'imprudence de se mettre à découvert.
Quand Krysztov atteignit enfin le sommet, il
comprit qu'il avait perdu la partie. Au milieu de la mezzanine, il
vit le dernier garde se hisser par l'ouverture dans le plafond et
s'échapper. Il ajusta son tir et pressa sur la détente. Il entendit
le grognement bref de sa cible, puis l'homme s'écroula sur le sol,
inanimé.
Le Polonais traversa la coursive et rejoignit la
sortie à son tour.
Il enjamba le cadavre et, prudemment, s'agrippa aux
bords de la trappe pour se hisser à l'extérieur. Une fois la tête
au dehors, il découvrit qu'ils étaient en effet de l'autre côté de
la colline, sur le flanc nord. Le vent, entre-temps, c'était levé.
Il soufflait, fort et bruyant. Plus bas, il aperçut les fuyards. Il
sortit, s'agenouilla pour viser, mais il faisait sombre et les
silhouettes dévalaient la pente à toute vitesse. Inutile de
gaspiller des balles. Krysztov rengaina son arme et se mit à courir
à son tour.
Il se jeta dans l'obscurité, enjambant les vieilles
pierres qui jonchaient le sol, assurant sa course autant que
possible pour ne pas trébucher au milieu de la descente. Plus il
allait, plus il prenait de la vitesse, et il était obligé de tirer
sur ses cuisses pour freiner et ne pas se laisser emporter par son
élan. Il gagnait du terrain. Il voyait les silhouettes des gardes
se dessiner devant lui, de plus en plus précises. Puis, soudain,
aux pieds de la colline, deux lumières rouges s'allumèrent à côté
d'une petite bâtisse. Les feux arrière d'un véhicule.