107.
La scène dura une demi-seconde à peine, mais le
temps parut s'arrêter et Ari se sentit mourir mille fois. Encore et
encore, il vit la main empoisonnée de Borja s'approcher de son
visage, tomber sur lui comme la lame inévitable d'une
guillotine.
Où Mackenzie puisa le reste de force pour, au
dernier instant, se dégager sur le côté, il n'aurait su le dire
lui-même. Dans la rage, dans l'humiliation, peut-être, ou bien dans
le souvenir de Paul Cazo, cet ami qui avait payé de sa vie pour la
cupidité du Docteur. D'un coup de hanche, Ari parvint à se
libérer.
La main du tueur s'abattit à quelques centimètres
de son visage.
Sans attendre, Mackenzie roula sur le ventre et se
leva d'un bond. Alors que Borja commençait à se redresser avec
l'acharnement d'un automate, Mackenzie saisit la torche presque
éteinte qui avait glissé derrière lui. Les deux poings crispés sur
le manche en bois, il se jeta vers son adversaire en poussant un
hurlement sauvage et envoya un coup magistral au visage de son
adversaire, balançant la torche comme s'il se fût agi d'une batte
de base-ball.
Le choc fut d'une violence inouïe. Ari y avait mis
tout son élan et tout ce qu'il lui restait de force. Dans un nuage
d'étincelles, la tête du tueur fut projetée sur le côté avec un
craquement sec.
Borja s'écroula sur la pierre froide, comme un
grand sac lourd. Ari ne perdit pas une seule seconde et, le regard
illuminé par la fureur, il lui asséna un deuxième coup, du haut
vers le bas, cette fois. La torche dessina une courbe incandescente
dans l'obscurité, et le crâne de Borja s'enfonça dans un éclat
sonore.