— C'est quand même triste qu'il faille que je me fasse cambrioler pour que tu daignes enfin m'appeler, espèce de crevard !

Les rapports qu'Ari entretenait avec Iris Michotte avaient toujours été pour le moins compliqués. Cette femme, dont il avait été l'amant pendant quelques mois au début de sa carrière aux RG, était sans doute celle qui connaissait le mieux Ari, peut-être même mieux que Lola, avec qui il avait pourtant eu une histoire bien plus intense.

Bien que l'analyste ne l'eût jamais ouvertement admis, il trouvait en Iris cette bienveillance maternelle dont la mort prématurée d'Anahid Mackenzie l'avait privé l'année de ses neuf ans. Elle était tout à la fois douce et intransigeante, savait pointer ses faiblesses, dénoncer ses erreurs mais aussi le réconforter sans se montrer envahissante. Et si elle n'était pas, pour l'instant, parvenue à sortir Ari de sa dernière dépression, elle l'avait fait plusieurs fois par le passé.

Il avait fallu bien du dévouement à cette femme – qui au fond d'elle était peut-être encore un peu amoureuse d'Ari – pour se montrer présente et attentive lors des pires et des meilleurs moments que celui-ci avait passés avec Lola.

— Ils t'ont volé quelque chose ?

— Non, répliqua Iris de sa voix haut perchée. C'est ça qui m'intrigue. Mais mon appartement est tellement en bordel qu'on dirait le tien.

— Très drôle. Figure-toi que le mien aussi a été fouillé, tout comme celui de Krysztov.

— Tu plaisantes ?

— Non. Je viens de l'avoir au bout du fil. Même scénario : ils ont tout retourné, et rien pris.

— Qu'est-ce qu'ils cherchaient ?

Ari marqua une pause. Maintenant qu'il savait que les trois appartements avaient été fouillés en même temps, il devinait ce que les intrus étaient venus chercher. Il ne pouvait s'agir que d'une seule chose.

— À ton avis ?

— Bah, je pense sans doute à la même chose que toi, non ?

— Oui. Je préfère qu'on n'en parle pas au téléphone, Iris. J'ai donné rendez-vous à Krysztov à 23 heures dans mon rade. Tu peux nous y rejoindre ?

— Je vais essayer. Mais je ne te promets pas d'être à l'heure. J'ai demandé à mon frère de venir m'aider à réparer la porte…

— On t'attendra.