108.
Malgré le bruit du vent, Krysztov entendit l'écho
caractéristique d'une portière qui claque. Une ombre filait encore
devant lui. Une dernière silhouette. L'un des trois hommes n'était
pas encore arrivé dans la voiture.
Sans cesser de courir, le Polonais tendit le bras
devant lui. Il tira une première fois, puis une deuxième. La
silhouette fut aussitôt interrompue dans sa fuite et s'écrasa au
sol dans un bruit sourd. Mais Krysztov continua d'avancer. Il
ignorait s'il venait d'abattre le Docteur ou un simple garde. Une
seule chose comptait : empêcher le 4x4 de partir.
Il n'était plus très loin quand il entendit le
moteur démarrer. Il tira à nouveau, à deux reprises. La première
balle se logea dans la carrosserie, la seconde fit voler en éclat
le plastique d'un feu de recul. Cela ne servait à rien, et il ne
lui restait plus qu'une balle. Un pneu, il devait viser un
pneu.
Le Polonais s'immobilisa, tenta de retenir son
souffle, les tempes battantes, et visa la roue arrière droite. Au
moment précis où il appuya sur la détente, le véhicule se mit en
marche. Il manqua sa cible.
Krysztov poussa un cri de rage en regardant,
impuissant, disparaître la voiture au milieu des arbres.
Il fit quelques pas de plus et découvrit l'homme
mort à ses pieds. Un garde. Un simple garde. Le Docteur leur avait
échappé.