104.
Vlaeminck et Zalewski se plaquèrent contre les murs
du couloir et laissèrent passer trois Indiens Shuar devant eux.
Même si ces guerriers ne connaissaient pas spécifiquement ce
bâtiment, ils étaient bien plus habitués qu'eux à l'architecture
inca et avançaient au pas de course.
S'ils ne pouvaient les voir pour le moment, ils
entendaient les gardes qui fuyaient, avec Weldon, selon toute
vraisemblance.
Ils empruntèrent une succession de couloirs
obscurs, leurs pas résonnant entre les parois de pierres. Cela
faisait si longtemps qu'ils couraient que Krysztov se demanda s'ils
n'étaient pas arrivés de l'autre côté de la colline.
Puis, enfin, ils aperçurent une porte au bout d'un
corridor.
Les trois Indiens en tête ralentirent aussitôt et
leur firent signe d'avancer prudemment. L'ouverture donnait sur une
grande pièce où l'on devinait quelques rayons de lune.
L'un des éclaireurs s'approcha pour examiner
l'intérieur. Il fut aussitôt accueilli par un coup de feu.
L'Indien, sain et sauf, se plaqua contre le mur et, d'un geste,
indiqua que leurs ennemis étaient postés en hauteur, sur la
gauche.
Cette fois-ci, Zalewski insista pour passer en
premier. Accroupi devant l'ouverture, il se tourna vers
Vlaeminck.
— Couvrez-moi !
Le Belge se posta derrière lui, prêt à tirer.
Krysztov inspira profondément, compta dans sa tête
jusqu'à trois et se jeta à l'intérieur. Alors que des coups de feu
éclataient déjà, il dut à la fois courir de toutes se forces et
analyser l'environnement autour de lui. Là-bas, au coin nord-ouest,
des escaliers montaient vers une mezzanine, laquelle donnait sur
l'extérieur. Le tir ennemi venait justement du milieu de cette
rampe. Au coin sud-est, à l'opposé, le double exact des escaliers
menait vers une seconde mezzanine, en vis-à-vis. Le Polonais opta
pour cette destination. Il obliqua brusquement sur sa droite alors
que les balles continuaient de siffler autour de lui. Aux coups de
feu des gardes de Weldon répondaient ceux de Vlaeminck, empêchant
l'ennemi d'ajuster son tir, mais il allait falloir faire vite car
le Belge n'avait pas un stock de munitions illimité.
Quand il fut à proximité de la rambarde de pierre,
Zalewski se jeta en avant et l'enjamba avec la grâce d'un félin. Il
s'abrita de l'autre côté, s'immobilisa quelques secondes pour
reprendre sa respiration, puis il prit son revolver et commença à
monter les marches tout en restant caché. En face, les coups de feu
avaient cessé, et il entendait les bruits de pas du groupe de
Weldon qui, comme lui, tentait de gagner la sortie du
tombeau.