31.
Je n’ai fait que répondre à des appels téléphoniques pendant les heures qui ont suivi. Mais je suis surtout restée à mon bureau, à réfléchir à ma déposition. Il allait y avoir une enquête à propos de la fusillade qui s’était soldée par la mort de Coombs, comme il est d’usage chaque fois qu’un officier de police tire un coup de feu.
L’épisode restait encore totalement dans le flou pour moi. Les médecins m’avaient prévenue que tel pourrait être le cas un certain temps. C’était une façon de refouler le choc.
J’avais la vision brève de cet uniforme bleu démodé et le regard de Coombs qui m’incendiait. Son bras tendu, l’éclair orange de son arme. J’étais certaine qu’on avait crié mon nom, Cappy ou Jacobi sans doute, puis quelqu’un d’autre avait dit « le flingue... »
Et mon propre Glock, se relevant au ralenti, alors que je savais que c’était un poil trop tard. Puis la fusillade – venant de toutes les directions, pan, pan, pan, pan, pan... J’ai fini par chasser tout ça de mon esprit et me remettre au travail.
Une heure plus tard environ, alors que je feuilletais le dossier de l’une de nos nouvelles affaires d’envergure, Claire a fait son apparition.
— Salut !
— Salut à toi, Lindsay !
Je connaissais Claire... je connaissais son air quand elle avait trouvé ce à quoi elle s’attendait et avait mis ses doutes de côté. Et je connaissais sa mine quand ce n’était pas aussi impec.
Cette fois, elle avait carrément sa mine « pas impec ».
— Tu n’as pas trouvé de tatouage, hein ? lui ai-je lancé.
Elle me l’a confirmé d’un signe de tête. Elle n’aurait pas pu avoir l’air plus troublé si elle avait découvert quelque chose incriminant Edmund ou l’un de ses fils.
Je lui ai fait signe d’entrer et de fermer la porte.
— Bon, qu’est-ce que tu as trouvé ?
Elle a haussé les épaules, sombrement.
— Je crois que j’ai découvert pourquoi Coombs a raté sa cible.