1.
Le lendemain matin, la piste Frank Coombs qui, un jour à peine auparavant, avait paru peu solide craquait aux entournures. J’étais crevée.
Première chose, Jacobi a frappé à ma porte.
— Un bon point pour toi, lieutenant. Du côté Coombs, c’est de mieux en mieux.
— Comment ça ? Tu as avancé grâce au contrôleur judiciaire de Coombs ?
— Si on veut. Il a disparu, Lindsay. Selon son contrôleur judiciaire, Coombs s’est cassé de cet hôtel sur Eddy, sans laisser d’adresse. Il ne s’est pas présenté à lui, n’a pas contacté son ex-femme.
J’avais beau être déçue que Coombs soit porté manquant, c’était aussi bon signe. J’ai demandé à Jacobi de continuer à chercher.
Quelques minutes plus tard, Madeline Akers m’a appelée de San Quentin.
— Je crois que j’ai ce que tu cherches, m’a-t-elle annoncé.
Je n’en revenais pas qu’elle me rappelle si vite.
— Au cours de l’année dernière, Coombs a partagé sa cellule avec quatre compagnons différents. Deux d’entre eux ont bénéficié d’une conditionnelle, mais j’ai parlé aux deux autres en personne. L’un d’eux m’a envoyée paître, mais en ce qui concerne le second, un certain Toracetti... je n’ai même pas eu à lui dire ce que je cherchais. Il m’a déclaré qu’à la minute où il avait entendu les nouvelles concernant Davidson et Mercer, il avait su que c’était Coombs. Ce dernier lui avait annoncé qu’il allait tout faire remonter au grand jour.
J’ai remercié Maddie avec effusion. Tasha, Mercer, Davidson... le puzzle commençait à se mettre en place.
Mais où Estelle Chipman s’inscrivait-elle dans le tableau ?
Poussée par une force inconnue, je suis sortie fouiller dans les dossiers. Ça faisait des semaines que je n’y avais plus jeté un œil.
Je l’ai retrouvé, enseveli sous la pile. Le dossier personnel que j’avais fait extraire des archives, celui d’Edward C. Chipman.
De ses trente ans de service sans histoire, une seule chose ressortait.
Il avait été le représentant de l’APJ... des Agents pour la Justice de son secteur.
Il était temps de rendre ça officiel. J’ai bigophoné au chef Tracchio. Sa secrétaire, Helen, qui avait été celle de Mercer, m’a dit qu’il était en réunion à huis clos. Je lui ai répondu que je montais.
J’ai emporté le dossier Coombs et enfilé l’escalier jusqu’au quatrième. Il fallait que je fasse état de ma découverte. J’ai déboulé dans le bureau du chef.
Et je me suis immobilisée, sans voix, sous le choc.
À ma grande surprise, siégeant à la table de conférence, j’ai aperçu Tracchio, les agents spéciaux du FBI,
Ruddy et Hull, Carr, l’attaché de presse et l’inspecteur principal Ryan.
On ne m’avait pas conviée à la dernière réunion du détachement spécial.