19.
Je n’oublierai jamais ce que je faisais quand j’ai appris la nouvelle. J’étais chez moi, une casserole de farfalle sur la gazinière. La stéréo diffusait « Adia » de Sarah McLachlan.
Claire était en route. Je l’avais appâtée pour venir dîner avec mes célèbres pâtes aux asperges, sauce citron. Pas vraiment appâtée... suppliée. J’avais envie de parler d’autre chose que de l’affaire. De ses gosses, de yoga, de la course au Sénat de Californie, pourquoi les Warriors craignaient tant. De n’importe quoi...
Je n’oublierai jamais... Martha jouait avec un ours mascotte sans tête des Giants de San Francisco qu’elle s’était approprié. Je hachais menu du basilic en surveillant les pâtes d’un œil. Tasha Catchings et Art Davidson m’étaient sortis de la tête. Dieu merci.
Le téléphone a sonné. Une pensée égoïste m’a transpercée, j’ai espéré que Claire n’annulait pas notre rendez-vous au dernier moment.
J’ai logé le récepteur au creux de mon cou et j’ai répondu :
— Ouais...
C’était Sam Ryan, l’inspecteur principal du service.
Ryan était mon supérieur hiérarchique. En reconnaissant sa voix, j’ai su qu’il devait s’agir d’une très mauvaise nouvelle.
— Lindsay, quelque chose de terrible vient d’arriver.
Mon corps s’est engourdi. Comme si on m’avait plongé une main dans la poitrine et qu’on m’avait serré le cœur d’une poigne indifférente. J’ai écouté ce que Ryan avait à me dire. Trois coups tirés à bout portant... à quelques mètres de son domicile. Ah, mon Dieu... Mercer...
— Où est-il, Sam ?
— À Moffitt. Aux urgences, en salle d’opération. Il lutte contre la mort.
— J’arrive. Je pars immédiatement.
— Lindsay, ça ne sert à rien que vous veniez ici. Rendez-vous sur place.
— Chin et Lorraine s’en chargeront. J’arrive.
On sonna à la porte. Comme en transe, je me suis précipitée pour ouvrir.
— Salut, m’a fait Claire.
Je n’ai pas dit un seul mot. En un clin d’œil, elle a noté ma pâleur.
— Qu’est-ce qui s’est passé ?
J’avais les larmes aux yeux.
— Claire... il vient d’abattre le DG Mercer.